Pour une littérature qui émancipe et… Barricades !

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C’est un journaliste indé (et ses mille métiers divers) fou de SF (de K. Dick notamment) et de cinéma (poético post-apo) qui nous parle de livres. « La littérature me dégoûte » dit-il d’entrée, d’emblée. On comprendra plus tard que ce qu’il n’aime pas c’est celle qui ne dit rien, celle des écrivains dont le métier d’artisan est de polir les mots et c’est tout. La littérature au sens proprette.
Livre passionnant, à lire d’une traite, qui fait impression (et en méritera sans doute une deuxième, preuve de succès). Son thème, c’est la subversion.
L’auteur parle d’une littérature popu qui fait BLAM ! La littérature ne sera pas inoffensive, encore moins offensive et (crypto)fasciste, elle sera Molotov (ou ne sera pas…retournez au début de la phrase).
La littérature pour l’auteur, c’est celle qui émancipe, qui Barricades ! Pas une littérature molletonnée, mais Molotov. Les exemples sont nombreux, part belle est faite à la citation.

Lecteur, on est heureux de croiser Perec, Queneau, Vian et le Punk not dead (chapitre un peu court). L’auteur passe son chemin devant le Nouveau Roman (marketé pour l’étranger, alors que d’autres auteurs faisaient déjà, bien avant cette école, bouger les lignes).
L’ouvrage parle bien sur du polar manchettien et notamment – saluons ce coup de projo rare – l’œuvre de Montalban avec ses polars Pepe Carvalhesques (les titres des romans n’apparaissent qu’en v.o et il a bien raison). Tropisme espagnol et hispanique. Entre les deux, sans doute, un labyrinthe borgesien. Se révèle un goût prononcé pour l’œuvre d’écrivains d’Amérique du Sud (notamment Bolaño qu’il place haut).
Un chapitre, vers la fin du livre, parle de Nature, de ce lien essentiel, à des milliers de pampas de cette mécanique pesticido-chimique plaquée sur du vivant qui ne nous a jamais fait rire. Et ce qui achève de rendre l’auteur sympathique c’est son goût salutaire, enfant, pour le journal La Hulotte (et on lui pardonne alors, au bas d’une page, une petite phrase sur (ou contre) Maurice Genevoix).

C’est subjectif, bien sûr, sincère et partageux (joie des notes de bas de page pied-de-nez et autres parenthèses enchantées). Bref, le livre est un abrégé qui fait du bien, qui ouvre des portes de la perception littéraire. Pour l’auteur, il n’y a pas de mauvaise lecture. Lire reste bénéfique et on peut regretter qu’il ne soit pas resté dans l’éducnat pour partager ses goûts avec un public enflammé (parfois, certes, inflammable).
Quand la voiture capitaliste est en flammes, la littérature véhicule ce qu’il faut de bâtons de dynamisme pour s’émanciper. Prenez ce livre et Feu ! (Et si vous ne connaissez pas Fredric Jameson, c’est le moment.)
Le livre offre en prime, une postface de Ludivine Bantigny. Le livre refermé, que faire ? Eh bien pourquoi ne pas lire le Que faire ? de Ludivine Bantigny, dont l’auteur nous dit au détour d’une note qu’il a été l’un des lecteurs du manuscrit ou bien un volume de la série Le Poulpe, qu’il recommande, celui de Serge Livrozet (Nice baie d’aisance). Ça tombe bien je les ai et je le prouve. La fraternité des bibliothèques.

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