Le punk et les héros de la classe moins zéro

Le titre claque. Comme un drapeau noir dans les vents mauvais. Vodka Bakounine. Comme la rencontre surréaliste entre un parapluie et une machine à coudre. Quoique.
La couverture attire l’œil : du jaune et du rose (du pink ? Non du punk, du qui pique). À gratter ce vernis bicolore de couverture, on découvre une réflexion sérieuse autour du punk et de l’anarchisme.

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Festival de Cannes 1939

C’est un livre d’histoire comme un Je me souviens perecquien d’un festival qui n’eut jamais lieu.
Une histoire passée sous le tapis du festival de Cannes. Ses marches sont brunes, rythmées par le bruit des bottes.
L’année 1939, le premier Festival du nom…et puis non. La guerre eut lieu et pas ce premier Festival de Cannes, qu’on décale, puis qu’on annule…Forcément. La guerre, ce n’est pas du cinéma.

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« Et si ? » & « What If ? » sont dans un bateau affrété par Auster

Quand « Et si ? » & « What If ? » sont dans un bateau affrété par Auster qui tombe à l’eau ?
Seul dans le noir (Man In The Dark, paru en 2008 aux USA) invente une Amérique post-11 septembre dans laquelle le 11 septembre n’a pas eu lieu mais dans laquelle les États-Unis sont désunis.

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Comment naît un écrivain ?

Le Monde, texte de Denis Cosnard (1er mai 2024)

« Comment naît un écrivain ? Pour Paul Auster, l’affaire s’est jouée à 8 ans. Passionné de base-ball, il est alors en dévotion devant l’« incandescent » Willie Mays, un des « Giants » de New York. Un jour, à la sortie d’un match, il croise son idole et lui demande un autographe. « Bien sûr, fiston, répond Mays. T’as un crayon ? » Le garçon n’a rien pour écrire. Ni son père. Ni personne. « Désolé, fiston » : pas de crayon, pas d’autographe. Auster fond en larmes, raconte-t-il dans Pourquoi écrire ? (Actes Sud, comme l’ensemble de son œuvre traduite en France). « Depuis ce soir-là, j’ai toujours eu un crayon sur moi, où que j’aille. Et je le dis volontiers à mes enfants, c’est comme ça que je suis devenu écrivain. » « 

Pauline ou l’enfance poignante

Pauline ou l’enfance. Le titre et le sujet ont des accents proustiens et stendhaliens. La piste stendhalienne semble bonne. Pauline, prénom de la sœur de Stendhal, a pour nom de famille Amance (Armance est le titre du premier roman de Stendhal).
Pauline, c‘est le prénom d’une jeune fille, très bonne amie d’enfance du narrateur. Qu’est-elle devenue ? C’est une silhouette, croisée sur le quai d’un port, qui suggère un sillage à sa mémoire. Comme un effet de miroir sur son chemin.

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Voyage dans un monde immobilisé

C’est tout d’abord un titre et une couverture qui attirent l’œil. Le profil d’une loutre pour dire la Nature sauvage et l’orage pour dire les phénomènes naturels. On sent le roman ancré. L’auteur s’appelle Lucien. Lucien Ganiayre. Un nom d’auteur nouveau à mes yeux mais qui sent les Lettres Anciennes. Lucien, comme Jean, Guy ou Marcel.
L’auteur est né en 1910 et il est mort en 1966. Un unique roman. Publié en 1973 de façon posthume.
Merci aux éditions du Seuil, puis aux éditions de L’Ogre d’avoir maintenu le flambeau et la publication de ce roman remarquable écrit dans les années quarante.
Quand on aime les boucles temporelles et les bizarreries romanesques construites sur le temps, c’est un livre à lire.
Un roman fantastique dans les deux sens du terme. Fantastique par ces lieux enchantés, ces ronces, cette fontaine puis par le phénomène qui touche l’humanité. L’irruption glaçante de l’irrationnel. Fantastique par la qualité de la prose, de la noirceur sans afféterie.
Le narrateur, Jean des Bories, est bloqué dans le temps, un jour de septembre 1935, après une partie de chasse dans le Périgord. On le sait dès l’incipit. Le monde est arrêté. Une fraction de seconde devient une Éternité. L’humanité est paralysée. Comme sous le pouvoir maléfique de Méduse, les êtres vivants sont pétrifiés et il suffit de les toucher pour qu’ils expirent leur dernier souffle. Homme, cheval… Depuis ce jour maudit de 1935, embrasser, c’est donner le baiser de la mort. Cela arrive au narrateur avant de découvrir en quoi son geste est mortel. De ces corps paralysés ne semble sortir que le sable d’un sablier devenu vain.
Notre narrateur n’aura de cesse d’éviter, de se contorsionner pour ne tuer personne peut-être dans l’idée que le Grand Horloger appuie sur Play pour réactiver cette humanité en Pause. On se surprend, à l’idée d’une rue pleine d’une foule immobile, à penser à un flashmob, à un sinistre flashmob. Ou à repenser au temps du covid…
Ce n’est pas du post-apo, mais de l’apo en pause. Le temps ne s’écoule pas comme cette eau courante.
Le narrateur, après avoir tourné un peu en rond et avoir même fini par faire le tour des lectures et des mots, se saisit de l’idée tenace de retrouver la trace d’un ami, d’un très cher ami. C’est à la fois un road movie où le fil d’une rivière puis celui de la Seine vont jouer un rôle. Puis c’est un détournement du voyage immobile cher à Giono : l’immobilité c’est les autres. Jean des Bories est un homme pressé et un homme à contre-temps.
Il y a une Nature silencieuse, un automne muet, avant le printemps silencieux théorisé par Rachel Carson, et une loutre qui survient (et qu’on a attendu), près d’une rivière, près d’un figuier. Une rencontre insolite, pivot du roman. Deux vies qui se croisent au milieu d’un monde mort. Et puis l’obsession, la folie qui guettent et l’humanité qui déçoit, otage sous un ciel d’orage permanent. Je redoute l’homme d’un seul livre ? Pas en ce qui concerne Lucien Ganiayre. Et je n’ai pas tout dit de ce livre que je recommande bien sûr (recommandable, le narrateur l’est moins).

Et si ce livre, écrit dans les orages des guerres, ses brouillards, parlait, en creux, d’engagement, de mobilisation ?

« À quoi pensent les Tchèques ? »

À quoi pensait Dick Annegarn en écrivant « À quoi pensent les Tchèques ? » 

Le folk singer, le songwriter néerlandais écrit en français et parle des Tchèques. Des années après cette chanson, il écrira un album intitulé « 12 villes 12 chansons ». Les villes et les pays imaginaires, une inspiration sans cesse recommencée.

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« Monsieur l’Écreuvain »

Une des angoisses d’un écrivain, c’est de tomber sur quelqu’un qui lui demande de lire son manuscrit, de lui donner son avis en tant qu’auteur. Là, en pièce jointe, dans le mail qu’il vient d’envoyer. Ou, là, dans son sac à dos, en une liasse de feuilles. (Alors que le seul avis qui compte est celui des éditeurs).

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