King & Irving : politesses entre auteurs

Stephen King et John Irving. À l’énoncé de ces noms, c’est un nombre infini d’amateurs, de fans, de lecteurs qui s’éveille.
L’apparition d’un de leurs nouveaux romans dans les librairies est un événement littéraire.
Ce sont deux mastodontes, must-readontes.
La parution de leurs romans est incontournable.

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Bonne heure littéraire : 03h00

À lire à l’heure

couv48503388« — Tout le contraire de New York, aimait à dire Frank. Le seul moment où l’on ait un peu de paix à Central Park South, c’est sur le coup de trois heures du matin. Mais, dans le Maine, trois heures du matin, c’est à peu près le seul moment où il risque de se passer quelque chose. Le moment où cette saloperie de nature ressuscite.
Il était environ trois heures du matin, constatai-je — c’était une nuit d’été, bourdonnante d’insectes ; les oiseaux de mer paraissaient observer une trêve relative, mais la mer n’avait rien perdu de son énergie. Et ce fut alors que j’entendis ce bruit particulièrement terrifiant. Tout d’abord, je n’aurais su dire si le bruit venait du dehors, sous ma fenêtre qui, pourvue d’une moustiquaire, était demeurée ouverte — ou s’il provenait du couloir, de derrière ma porte. Ma porte était ouverte elle aussi et, en outre, à l’Hôtel New Hampshire, les portes d’entrée n’étaient jamais fermées à clef — il y en avait trop.
Un raton laveur, me dis-je. »

L’Hôtel New Hampshire de John Irving

Bonne heure littéraire : 19h30

À lire à l’heure

61Ig4uxGWZL« En ce samedi 23 décembre, à dix-neuf heures trente, à la veille de sa fermeture pour les fêtes, le Patrice refusait du monde. Son propriétaire jubilait, accueillant tous les dîneurs comme s’ils faisaient partie de sa famille. Son enthousiasme était communicatif. Toutes les tables apprirent donc les transformations à venir : après le Nouvel An, ambiance et menu sans chichis. « Et avec ça, des prix en baisse ! » promettait-il, serrant des mains, frottant sa joue à celle des arrivants. Quand le restaurant rouvrirait, tout aurait changé.
— Le Patrice, c’est fini, annonçait-il en passant avec aisance de table en table. Vous ne risquerez pas d’oublier le nouveau nom. Il vous a un côté incisif.
— Ça va s’appeler l’Incisif ? demanda Ketchum, soupçonneux, au Français.
Le vieux bûcheron était de plus en plus dur d’oreille, surtout de la droite, ce qu’il mettait sur le compte de la chasse, mais, de toute façon, le bruit des tronçonneuses l’avait rendu sourd, et des deux oreilles. Si Patrice lui avait parlé dans la gauche, la différence n’aurait pas été grande.
— Non non, ça ne va pas s’appeler l’Incisif, ça va s’appeler le Baiser du Loup ! cria le Français assez fort pour se faire comprendre[…] »

Dernière nuit à Twisted River. de John Irving (2009)

Bonne heure littéraire : 10h00

À lire à l’heure

« Le jour de leur arrivée à Saint Cloud’s, Homer Wells sonna quatorze fois la cloche de dix heures. Ils l’avaient pétrifié par leur allure robuste, par leur musculature, par leur démarche chaloupée, par le chapeau safari de monsieur, par la machette à ouvrir la jungle dans son long étui (avec perles indiennes) fixé à la ceinture de madame. L’un et l’autre portaient des bottes qui semblaient moulées sur leurs pieds. Leur véhicule était un ancêtre, réalisé par eux-mêmes, de ce que l’on appellerait des années plus tard un camping-car ; il semblait équipé pour capturer et emprisonner un rhinocéros. Homer pressentit qu’on lui ferait chasser des ours, combattre des alligators – bref qu’il vivrait sur le pays. Nurse Edna l’arrêta au moment où il allait sonner une quinzième heure. »

L’œuvre de Dieu la part du Diable de John Irving

Bonne heure littéraire : 17h00

À lire à l’heure

71XrA+JH4NL« — Et à quelle heure, cette loufoquerie, Roberta ? demanda Garp.
— À cinq heures de l’après-midi.
— Je crois savoir que l’heure a été choisie, glissa John Wolf, de façon à permettre à la moitié des dactylos et secrétaires de New York de débaucher une heure plus tôt.
— Toutes les femmes qui travaillent à New York ne sont pas des secrétaires, fit Roberta.
— Les secrétaires, dit John Wolf, sont les seules dont, entre quatre et cinq, l’absence sera remarquée.
— Oh, bonté divine ! s’impatienta Garp. »

Le Monde selon Garp de John Irving (1978)

A lire un 28 janvier

Éphémérides. Quand le calendrier se fait littéraire.

priere-pour-owen » À Toronto, j’évite les journaux américains, la télévision américaine, et les Américains en général. Mais Toronto est encore trop près de l’Amérique. Pas plus tard qu’avant-hier, 28 janvier 1987, la première page du Globe and Mail nous a donné en détail le texte du « Message du président Ronald Reagan sur l’état de l’Union ». Quand comprendrai-je enfin ? Au lieu de dire ces choses-là, je ferais mieux de ressortir mon livre de prières. Je devrais me moquer de tout ça, mais Dieu me pardonne, j’ai lu le discours. Depuis vingt ans que je vis au Canada, ces cinglés d’Américains continuent à me fasciner. »

Une prière pour Owen de John Irving (1998)