A lire un 20 septembre

Éphémérides. Quand le calendrier se fait littéraire.

Tassart_-_Souvenirs_sur_Guy_de_Maupassant,_1911.djvu« Le 20 septembre, vers 2 heures de l’après-midi, le timbre électrique, dont les piles n’ont pas été renouvelées depuis plusieurs mois, sonne d’une manière traînarde. Je vais ouvrir et je me trouve en face de cette femme qui a déjà fait tant de mal à mon maître. Comme toujours, elle passe, raide, et entre dans le salon sans que son visage, qui paraît de marbre, ait fait le moindre mouvement… Je me retire dans ma chambre : un sentiment de tristesse mêlé d’un peu de colère, me saisit. Ne devrais-je pas dire son fait à la visiteuse néfaste, lui reprocher le crime qu’elle commet de gaîté de cœur, au besoin la mettre dehors sans cérémonie ?… Mais, puisque mon maître voulait bien la recevoir, je ne pouvais que m’incliner… Je puis dire maintenant combien je regrette de ne pas avoir eu alors le courage de céder à ces impulsions d’éloigner ce vampire ! Mon maître vivrait encore…
Le soir, il semble accablé et ne souffle mot de la visite. »

Souvenirs sur Guy de Maupassant par François, son valet de chambre, (1911)

3 commentaires sur “A lire un 20 septembre

  1. Hello

    L’extrait présente donne envie d’en savoir plus sur cette mystérieuse femme …

    Sans rapport avec l’ectr Que j’ai trouvé : J’ai lu cet été la trilogie 1q84

    Je m’attendais à trouver pas mal de dates
    Et bien non : seulement dans le tome 1

    J’ai hésité à faire plusieurs citations (une par date mais cela coupe un peu le rythme …)

    Il y aura donc deux extraits un le 20/9 et un le 16/10

    « Le 20 septembre s’était tenu à Jakarta le plus grand rassemblement mondial de cerfs-volants, avec plus de dix mille participants. Qu’Aomamé ignore ce fait là n’avait rien de bizarre. Qui se souviendrait d’un rassemblement de cerfs-volants qui avait eu lieu à Jakarta plus de trois ans auparavant ?
    Le 6 octobre, le président égyptien Sadate avait été assassiné par des extrémistes islamistes. Aomamé se souvenait de cette affaire et elle plaignit de nouveau le malheureux  Sadate. Non seulement la tête presque chauve du président lui plaisait, mais elle éprouvait invariablement une profonde aversion à l’encontre des fondamentalistes, toutes religions confondues. Songer à leur conception du monde étriquée, à leur condescendance, à leur arrogance et à leur insensibilité vis-à-vis d’autrui la submergeait d’une colère irrépressible. La question n’avait pourtant pas de rapport avec son problème. Après s’être calmé les nerfs en respirant profondément à plusieurs reprises, Aomamé passa à la page suivante.
    Le 12 octobre, à Tokyo, dans la zone résidentielle de l’arrondissement d’Itabashi, un collecteur de la NHK (56 ans) s’était disputé avec un client qui refusait de payer sa redevance. Il avait grièvement blessé au ventre le jeune homme avec un couteau qu’il emportait toujours sa sacoche. Le collecteur avait été arrêté par des policiers accourus sur place. L’homme, qui tenait encore à la main son couteau ensanglanté, était resté là, presque prostré, et n’avait opposé aucune résistance lors de son arrestation. Un de ses collègues avait expliqué qu’il travaillait comme collecteur depuis six ans, que son comportement au travail était irréprochable et que ses résultats étaient excellents. Aomamé ne savait pas qu’une telle affaire avait eu lieu. Abonnée au Yomiuri, elle le lisait assidûment chaque jour dans les moindres détails. Les faits divers – en particulier ceux qui étaient liés à des crimes -, elle les étudiais avec beaucoup d’attention. Et cet article occupait presque la moitié de la page consacrée aux faits divers. Inconcevable qu’un aussi long article lui ait échappé. Bien sûr, il n’était pas impossible que pour une raison quelconque, elle ait négligé de le lire. La chose était tout à fait improbable, mais elle ne pouvait affirmer le contraire.
    Des rides se creusèrent sur son front tandis qu’elle réfléchissait quelques instants à cette possibilité. Puis elle rédigea un résumé de l’affaire en notant la date.
    Le nom du collecteur était Shinnosuke Akutagawa. Un nom splendide. Comme celui du grand écrivain. Il n’y avait pas de photo de l’homme. On voyait seulement celle du blessé, M. Akira Tagawa (21 ans), étudiant en troisième année de droit, à l’université Nihon, et deuxième dan de kendô. S’il avait eu en main son sabre de bambou, il n’aurait sans doute pas été aussi facile de le blesser. Mais un individu normal ne discute pas avec un collecteur de la NHK, un sabre de bambou à la main. Pas plus qu’un collecteur n’emporte de couteau dans sa sacoche. Elle essaya de suivre l’incident sur plusieurs jours mais ne dénicha pas d’article signalant la mort de l’étudiant blessé. Peut-être avait-il finalement survécu ». (P192)

    Suite le 16 octobre

    1Q84 – Haruki Murakami – livre 1

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  2. Même question, 🤔… qui est la visiteuse ❓

    Bon, … quant à d’autres fardeaux :

    Jocelyn, le 20 septembre 1793
    par Alphonse de Lamartine

    « Je ne sens plus le poids du temps ; le vol de l’heure
    D’une aile égale et douce en s’écoulant m’effleure ;
    Je voudrais chaque soir que le jour avancé
    Fût encore au matin à peine commencé ;
    Ou plutôt que le jour naisse ou meurt dans l’ombre,
    Que le ciel du vallon soit rayonnant ou sombre,
    Que l’alouette chante ou non à mon réveil.
    Mon cœur ne dépend plus d’un rayon de soleil,
    De la saison qui fuit, du nuage qui passe ;
    Son bonheur est en lui ; toute heure, toute place.
    Toute saison, tout ciel, sont bons quand on est deux ;
    Qu’importe aux cœurs unis ce qui change autour d’eux ?
    L’un à l’autre ils se font leur temps, leur ciel, leur monde ;
    L’heure qui fuit revient plus pleine et plus féconde,
    Leur cœur intarissable, et l’un à l’autre ouvert,
    Leur est un firmament qui n’est jamais couvert.
    Ils y plongent sans ombre, ils y lisent sans voile.
    Un horizon nouveau sans cesse s’y dévoile ;
    Du mot de chaque ami le retentissement
    Éveille au sein de l’autre un même sentiment ;
    La parole dont l’un révèle sa pensée
    Sur les lèvres de l’autre est déjà commencée ;
    Le geste aide le mot, l’œil explique le cœur,
    L’âme coule toujours et n’a plus de langueur ;
    D’un univers nouveau l’impression commune
    Vibre à la fois, s’y fond, et ne fait bientôt qu’une ;
    Dans cet autre soi-même, où tout va retentir,
    On se regarde vivre, on s’écoute sentir ;
    En laissant échapper sa pensée ingénue,
    On s’explique, on se crée une langue inconnue ;
    En entendant le mot que l’on cherchait en soi,
    On se comprend soi-même, on rêve, on dit : c’est moi !
    Dans sa vivante image on trouve son emblème,
    On admire le monde à travers ce qu’on aime ;
    Et la vie appuyée, appuyant tour à tour,
    Est un fardeau sacré qu’on porte avec amour ! »

    De la Grotte, 20 septembre 1793.

    Source: https://www.lapoesie.org/alphonse-de-lamartine/jocelyn-le-20-septembre-1793/

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  3. Et puis, une vigoureuse protestation :

    {Lettre de protestation – 20 septembre 1870. Arthur RIMBAUD

    Douai, 20 septembre 1870.
    Nous soussignés, membres de la Légion de la Garde nationale sédentaire de Douai, protestons contre la lettre de monsieur Maurice, maire de Douai, portée à l’ordre du jour du 18 septembre 1870.
    Pour répondre aux nombreuses réclamations des gardes nationaux non armés, Monsieur le Maire nous renvoie aux consignes données par le ministre de la Guerre ; dans cette lettre insinuante, il semble accuser de mauvaise volonté ou d’imprévoyance le ministre de la Guerre et celui de l’Intérieur. Sans nous ériger en défenseurs d’une cause gagnée, nous avons le droit de remarquer que l’insuffisance des armes en ce moment doit être imputée seulement à l’imprévoyance et à la mauvaise volonté du gouvernement déchu, dont nous subissons encore les conséquences.
    Nous devons tous comprendre les motifs qui déterminent le Gouvernement de la _Défense nationale à réserver les armes qui lui restent encore aux soldats de l’armée active, ainsi qu’aux gardes mobiles : ceux-là, évidemment, doivent être armés avant nous par le Gouvernement. Est-ce à dire que l’on ne pourra pas donner des armes aux trois-quarts des gardes nationaux, pourtant bien décidés à se défendre en cas d’attaque ? Non pas : ils ne veulent pas rester inutiles : il faut à tout prix qu’on leur trouve des armes. C’est aux Conseils municipaux, élus par eux, qu’il appartient de leur en procurer. Le maire, en pareil cas, doit prendre l’initiative et, comme on l’a fait déjà dans mainte commune de France, il doit spontanément mettre en œuvre tous les moyens dont il dispose, pour l’achat et la distribution les armes dans sa commune.
    Nous aurons à voter dimanche prochain pour les élections municipales, et nous ne voulons accorder nos voix qu’à ceux qui, dans leurs paroles et dans leurs actes, se seront montrés dévoués à nos intérêts. Or, selon nous, la lettre du maire de Douai, lue publiquement, dimanche dernier, après la revue, tendait, volontairement ou non, à jeter le discrédit sur le Gouvernement de la Défense nationale, à semer le découragement dans nos rangs, comme s’il ne restait plus rien à faire à l’initiative municipale : c’est pourquoi nous avons cru devoir protester contre les intentions apparentes de cette lettre.
    F. Petit. }

    Source: https://fr.m.wikisource.org/wiki/Lettre_de_protestation_-_20_septembre_1870

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