Dans promulgue, il y a comme un remugle

Le mot « promulguer«  n’est pas beau. Tout ce qui est dégueulasse porte un joli nom chantait Alain Leprest (qui l’avait d’abord donné à Foulquier puis avait fait un appel et l’avait repris et buuut !!). Amoco Cadiz, porte-avions, Jean-Marie. Faut croire que le mot « promulguer«  n’est pas dégueulasse, alors. 

Ça dépend du contexte.

Lire la suite « Dans promulgue, il y a comme un remugle »

Capitalocène ma non anthropo

ANTHROPOCÈNE, n.m.
On parle d’anthropocène parce que ce serait l’être humain (ἄνθρωπος, en grec) le responsable des changements sur Terre. 

L’anthropocène, c’est l’âge des humains. L’âge ingrat. L’Ère des humains où l’humain erre.

Anthropocène. Et si anthropo- était l’élément, le mot en trop.

C’est pas l’humain qui prend la Terre, ce qui l’atterre c’est l’humain. Le capitaliste.

Le capitaliste qualifié, par ce mot grec, d’être humain, c’est le comble. De l’humanwashing in progress. C’est ça le progrès !

L’Anthropocène, c’est les autres.

Non.

C’est pas les autres. Ce sont les rois qui tiennent les rênes. Ceux qui dirigent, qui peuvent décider de tout changer en un claquement de doigt, dans un capitalacadabra. 

Ceux qui manquent de tout ne sont responsables de rien. Et même ceux qui manquent de beaucoup.

Dans un pays du tiers-monde ou en voie de développement (pour arrondir les angles, à défaut d’arrondir les ventres par des politiques alimentaires efficaces), les humains ne sont responsables de rien.  Quant à ceux qui ne sont rien, ceux qu’on croise, dit-on, dans les gares, ce qui est sûr c’est qu’ils ne font rien pour casser le monde. Ils regardent tout juste passer le train de l’indifférence de ceux qui, toujours pressés dans leurs délices aux merveilles, jonglent entre avions et voies ferrées.

Pour les capitalistes, l’anthroposcène est un théâtre. En maître du monde, de la Terre, ils saccagent et gardent l’être humain dans sa cage, dans sa zone de privation de rêves alternatifs. Vous, c’est nous. Dans ce mot ils nous englobent tous dans leur vision du monde. Comme condamnés à la peine capitaliste.

Bonjour, comme on mal nomme les dégâts.
À anthropo- préférons capitalo-Capitalocène, une appelation saine.

Capitalocène ma non anthropo.

Boris Vian, « Ils cassent le monde »

Ils cassent le monde

En petits morceaux

Ils cassent le monde

À coups de marteau

Mais ça m’est égal

Ça m’est bien égal

Il en reste assez pour moi

Il en reste assez

Il suffit que j’aime

Une plume bleue

Un chemin de sable

Un oiseau peureux

Il suffit que j’aime

Un brin d’herbe mince

Une goutte de rosée

Un grillon de bois

Le paradis fiscal, c’est l’Enfer

Paradis, c’est l’Enfer dit Gainsbourg lors de la Vanaissance de l’album Variations sur le même t’aime, au début des années 90.
Au même moment, ou presque, les îles Canaries sont promues nouveau paradis fiscal.

L’argent circule dans des tubes et dans des réseaux souterrains, obscurs, des réseaux d’initiés.
Paradis fiscal ! 
Mouroir, mon beau mouroir. Une île retranchée, entourée de calculs égoïstes.

Tout ce qui est dégueulasse porte un joli nom s’exaspéra plus tard le chanteur Alain Leprest. 

Lire la suite « Le paradis fiscal, c’est l’Enfer »

« Système immunitaire du vocabulaire »

Erri de Luca : « Et pour connaître bien sa propre langue, il faut lire beaucoup. Cela permet à la fois de se tenir compagnie et de renforcer son système immunitaire du vocabulaire. » (Libération, samedi 26 septembre 2020)

Le prof, le lecteur ou l’auteur qu’il est ne peut que souscrire modestement aux propos de De Luca.
Faisons tous grand cas de la lecture et du vocabulaire.
En venir aux mots – même au punchline – plutôt qu’aux poings.

Ces mots d’Erri denses, c’est l’évidence s’exclameront certains.
Oui.

Sur ce blog, il ne joue pas avec les mots. Il met les mots en joue.
Il pèse ses mots puis les bise. Sur la joue. Du baise-mains façon bise-mots et il en baise maints.
Il avance, mot à mot, à l’horizon d’une verticalité, celle d’une montagne de termes. Une ascension, un 40 000 et plus avec sa VerbaTeam. Du sommet de la Langue française jusqu’aux racines latines, grecques (et toutes leurs consœurs).

Lire la suite « « Système immunitaire du vocabulaire » »

« Mon nom est Personne » (Bergson, ou presque)

81XE8ll+GCL« En réalité, l’art de l’écrivain consiste surtout à nous faire oublier qu’il emploie des mots.  »
C’est Bergson qui a écrit cela dans L’âme et le corps.

L’écrivain vise à l’invisibilité. Il la joue en mode furtif, en mode Ulysse. Son livre, tel un nouveau Cheval de Troie, doit conquérir la petite citadelle que représente le cœur de chaque lecteur.
Peu importe la cause de la guerre, la lecture aidera à la chasser momentanément des esprits, Quand j’ai lu, j’élude

Lire la suite « « Mon nom est Personne » (Bergson, ou presque) »