Éphémérides. Quand le calendrier se fait littéraire.
« Et maintenant, quel serait le sort de ce pensionnat de naufragés, entraînés à dix-huit cents lieues de la Nouvelle-Zélande ? De quel côté leur arriverait un secours qu’ils ne pourraient trouver en eux-mêmes ?…
En tout cas, leurs familles n’avaient que trop lieu de les croire engloutis avec le schooner.
Voici pourquoi :
À Auckland, lorsque la disparition du Sloughi eut été constatée dans la nuit même du 14 au 15 février, on prévint le capitaine Garnett et les familles de ces malheureux enfants. Inutile d’insister sur l’effet qu’un tel événement produisit dans la ville, où la consternation fut générale.
Mais, si son amarre s’était détachée ou rompue, peut-être la dérive n’avait-elle pas rejeté le schooner au large du golfe ? Peut-être serait-il possible de le retrouver, bien que le vent d’ouest, qui prenait de la force, fût de nature à donner les plus douloureuses inquiétudes ?
Aussi, sans perdre un instant, le directeur du port prit-il ses mesures pour venir au secours du yacht. Deux petits vapeurs allèrent porter leurs recherches sur un espace de plusieurs milles en dehors du golfe Hauraki. Pendant la nuit entière, ils parcoururent ces parages, où la mer commençait à devenir très dure. Et, le jour venu, quand ils rentrèrent, ce fut pour enlever tout espoir aux familles frappées par cette épouvantable catastrophe.
En effet, s’ils n’avaient pas retrouvé le Sloughi, ces vapeurs en avaient du moins recueilli les épaves. C’étaient les débris du couronnement, tombés à la mer, après cette collision avec le steamer péruvien Quito – collision dont ce navire n’avait pas même eu connaissance.
Sur ces débris se lisaient encore trois ou quatre lettres du nom de Sloughi. Il parut donc certain que le yacht avait dû être démoli par quelque coup de mer, et que, par suite de cet accident, il s’était perdu corps et biens à une douzaine de milles au large de la Nouvelle-Zélande. »