50 ans de vie états-unienne

1416__desktop_McBain_1110-493Ed McBain. Combien de divisions ?

9 volumes de presque mille pages chacun, chez Omnibus.

C’est une série policière qui retrace 50 ans de vie états-unienne à travers le prisme du commissariat d’une ville imaginaire, Isola, dans son 87ème district.

C’est du roman de procédure policière qui offre aux lecteurs du quotidien policier. Celui de Byrnes, Brown, Carella, Havilland, Kling, Meyer, etc. Autant d’agents, de gradés à suivre dans leur évolution professionnelle et personnelle. À la manière de ce que firent, à la même époque, Sjöwall et Wahlöö en Suède. Les enquêtes s’ajoutent, s’empilent, se croisent.

Le premier roman, Cop Hater (Du balai, en français) paraît en 1956.

Incipit : « On ne voit, du fleuve qui borde la ville au nord, qu’un prodigieux panorama. On ne peut le contempler qu’avec une espèce d’appréhension, mais on a parfois le souffle coupé par la majesté du spectacle. Les silhouettes claires des immeubles s’élancent à l’assaut du ciel, dévorant l’azur : des surfaces planes, d’autres longues, des rectangles grossiers et des flèches acérées, des minarets et des pics, toutes les formes géométriques imaginables se profilent contre le lavis bleu et blanc du ciel. »

Et que ne durent que les procédures, durent que les procédures. Peu de moments doux.

C’est du roman procédurier et, tout comme celle du couple suédois, l’œuvre d’Ed Mac Bain est politique. Ce n’est pas qu’un miroir sur le chemin, ça se frotte sévère à la réalité sociale.

unnamed« La foule s’écarta pour laisser passer Kling. Cela ne lui rendit pas service d’être le flic le plus jeune de la brigade, avec l’air innocent d’un brave type de la campagne sur son visage poupin, cela ne lui rendit pas service d’être blond et tête nue, cela ne lui rendit pas service d’entrer dans l’église avec l’assurance juvénile d’un redresseur de torts. La foule savait qu’il était flic, elle savait qu’il était un sale Blanc et elle savait aussi que si cet attentat avait eu lieu dans Hall Avenue, là-bas, dans le centre, le directeur de la police aurait débarqué en personne, précédé de hérauts sonnant de la trompette. Mais ici, c’était Culver Avenue, où un mélange détonant de Portoricains et de Noirs se partageaient un ghetto en voie de désintégration, et donc la voiture qui s’était arrêtée le long du trottoir ne portait pas le macaron bleu et or du directeur de la police, c’était une simple Chevrolet décapotable verte qui appartenait à Kling, et l’homme qui en descendit avait l’air jeune, inexpérimenté et stupide, malgré l’attitude assurée qu’il affecta en entrant dans l’église, son insigne épinglé à son manteau. »

Tout le monde sont là, quel titre à l’effervescence grammaticale ! Hail, Hail, the Gang’s All Here ! est le titre original d’un roman dont la traduction est due à Madeleine Charvet et a été revue et augmentée par Pierre de Laubier.

Il est question de vies brisées, de commerce de drogues, de prostitution, de ségrégation raciale (une église d’un quartier noir incendiée par un blanc). Il est aussi question d’un quotidien harassant. Mais aussi d’ivrognes, d’abus sexuels, de fantômes et d’arnaque à la petite semaine.

Ce roman est la pièce d’un puzzle qu’on pourrait qualifier de comédie humaine. C’est sa 25ème pièce. Il se dit que la lecture de cette somme est encore meilleure chronologiquement.

Pour un passionné d’heure littéraire, cette série est un choix parfait. Voir ici et .

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