Martine, héroïne de l’infra-ordinaire

Je n’ai jamais lu d’album de Martine. Désormais j’ai lu un livre sur Martine.
Question de génération. Et puis je n’étais pas le lectorat cible.
Je connais la série via les nombreux détournements qui circulent sur la toile. Bons ou mauvais.
C’est l’illustrateur belge Marcel Marlier (1930-2011) qui a inventé Martine. (Mar-cel Mar-lier, la première syllabe du prénom du personnage viendrait-elle de cet écho ?)


Un personnage fascinant par sa capacité à se confronter…ou plutôt à se conforter dans l’Ordinaire. Tout comme les couvertures de la série qui ont une plasticité à s’adapter à une actualité à dénoncer, Martine vit sa vie, sans peine, sans heurts.

Du point de vue narratif, le personnage la joue très Propp sur lui.
Référence à Vladimir Propp qui théorisait que le héros du conte populaire a toujours une quête. Il s’agit de combler un manque, de résoudre un problème.

Martine, non.

Martine ne boude pas (cf la chanson de Bashung). Mais « Je sais pas ce qui lui passe / Par la tête des fois c’est que des peignes ». L’héroïne fait dans l’irénique.
La paix.

Née en 1954, avec Martine à la ferme, elle est un peu l’enfant des livres «  qui, par leur caractère, leur présentation ou leur objet, apparaissent comme principalement destinées aux enfants et aux adolescents  » (loi de 1949). Martine follow the line.

Les titres des albums insistent sur les actions que fait Martine ou bien sur les lieux où elle se rend. Martine n’est donc pas une potiche. Elle agit.

Malgré tout, rien d’extraordinaire.

Le carcan, les stéréotypes existent. Question d’époque.
D’album en album, se déploie une certaine idée de l’enfance. Depuis les années 50 (je ne sais pas si vous avez remarqué), beaucoup de choses ont changé.

Un bel élan féministe a conquis l’édition. Frère Jacques n’a plus qu’à bien se tenir avec les femmes et c’est tant mieux.
« Sonnez les Martine, sonnez les Martine
Ding, dang, dong »

La série des Martine est un objet d’étude fascinant (par exemple sur la représentation de la femme, sur les simplifications lexicales…). Ce sont aussi des albums vertigineux où, alors que tout s’agite autour de nous, il ne se passe rien.

Le personnage méritait bien ce petit essai pour qu’on parle un peu de lui, sans parodie.

2 commentaires sur “Martine, héroïne de l’infra-ordinaire

  1. Bonjour, 😊

    < jamais lu d’album de Martine.
    Moi non plus, je n’ai jamais éprouvé d’attirance à la lecture de la pourtant longue série des ‘ Martine ‘.
    Et à vrai dire, sans vraiment savoir pourquoi.

    Trop lisse, la Martine ?
    Est-ce aussi pour ça, que tant de choses ont changé depuis les années 1950 ??

    L’histoire de son étonnant illustrateur, se révèle effectivement passionnante.

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