Indian Creek ou la lecture qui ensauvage

Indian Creek. C’est le nom d’une rivière et c’est le titre d’un livre, d’un récit d’initiation signé Pete Fromm.


Pete Fromm raconte son départ de l’université, étudiant de 19 ans, pour un travail en pleine nature. Il se fait gardien d’œufs de saumon. Sa mission, puisqu’il l’a acceptée, est de garder l’eau vive sous la glace. Un travail d’une heure par jour qui laisse de quoi s’occuper dans ces grands espaces américains.
Contrairement aux saumons dont il a la charge, il sait déjà bien nager (champion universitaire). En revanche, il n’est pas dans son biotope. Il lui faudra apprendre à abattre du bois, à découper de la viande, à participer à des scènes de chasse, à faire du tannage ou de la salaison, à surveiller sa santé… De quoi faire ultra peur à n’importe quel étudiant studieux moyen. Lui, abandonnant sa bourse d’étudiant, prendra petit à petit l’étoffe du trappeur.
Cette autobiographie dans les rocheuses nous montre un jeune homme en train d’éclore, au jour, le jour et à la nuit, la nuit.
Cette vie solitaire et glacée sera l’occasion pour le lecteur de découvrir un bestiaire fourni : raton-laveur, cerf, lynx, loutre, martre, pic, aigle, truite, lièvre. Et le puma qui se taille la part du lion. Quant aux ours, leur présence est lointaine, discrète (mieux vaut les chercher dans les œuvres de Doug Peacock). Un sacré bestiaire à découvrir au fil des nombreuses péripéties cocasses, contemplatives, festives (rire fou et pire froid) ou born to be wild et sanguinolentes.
Les sentiments se mêlent de la partie. Sympathie pour sa chienne, Boone, exacerbée par les jeux enneigés auxquels elle se livre avec son maître. Empathie pour un puma. On a froid avec Fromm. On a chaud. On en a marre nous aussi du chili. On profite d’une éclipse, en veillant à ne pas regarder le soleil.
Lorsque Fromm retourne en ville pour le mariage d’un ami c’est pour mieux retrouver ensuite la nature. La neige a fondu et le printemps arrive. Paysage moins rude, un pays sage.

« En écrivant, je me sentais emporté loin de la chaise sale et de la maison délabrée que je partageais avec mes colocataires. J’étais de nouveau là-bas. Dans la neige. Dans la montagne. J’étais de retour à Indian Creek. J’avais découvert qu’il était possible de rêver en étant éveillé, un stylo à la main. »

Idem, un livre à la main.

Indian Creek de Pete Fromm, éd. Gallmeister.

Mes photos du matin, après avoir mis le nez dehors avec le chien. Entre deux pages de Pete Fromm, deux traces.

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