C’est beau un Deville, la nuit (le jour aussi)

Le Paltoquet c’est un film de 1986 et de Michel Deville avec la fine fleur des acteurs des années 80. Ardant, Auteuil, Bohringer, Moreau, Léotard, Piccoli, Pieplu, Yanne.

Un film avec des acteurs et des stéréotypes. Le Professeur, Le Docteur, Le Journaliste, Le Commerçant, Le Commissaire, La Tenancière et Le Paltoquet et puis Lotte, la jeune femme ténébreuse de blanc vêtue.

Une sorte de huis clos à huit personnages.

Un casting fermé, arrêté qui s’offusque, par l’intermédiaire du Paltoquet qu’un anonyme, qu’un figurant veuille entrer dans le bistrot.
Ce policier a pour fil rouge une partie de cartes comme une partie de poker menteur avec un commissaire qui veut mettre le coupable à table et couper à cœur les faux-semblants.

Chaque personnage est habillé musicalement. Des leitmotivs à la manière du Pierre et le Loup de Prokofiev. La musique, c’est du Janacek et du Dvorak. C’est un film choral qui serait symphonique. 
En plus de son leitmotiv, Michel Deville a tenu à associer chaque personnage principal à une boisson colorée.

Ce film s’inspire d’un livre : On a tué pendant l’escale de Franz-Rudolf Falk (« soi-disant auteur autrichien de romans policiers, est en réalité un pseudonyme de Philippe du Puy de Clinchamps, qui écrivit aussi sous son nom véritable et sous les pseudonymes Charondas et Philippe Géry », dixit la BNF). Comme son titre l’indique donc, c’est un roman policier. Il y a de quoi faire. « Dans cette affaire, il n’y aura plus que des coupables. »

Ce policier ressemble à du théâtre filmé. Quelques lieux où se jouent les actes et les scènes. Et puis deux personnages, Moreau et Piccoli qui tiennent le bistrot, lieu principal de l’histoire, et assistent à l’histoire comme un public. Michel Piccoli lit le roman. Jeanne Moreau commente. La mise en abime est double. Piccoli lit le roman. Et, avec la tenancière, il est aussi spectateur. Régulièrement il franchit le quatrième mur et devient acteur de l’histoire. C’est lui aussi qui lance la musique avec son tourne-disque posé sur le comptoir.

C’est un film concept. Un film du franchissement des lignes, des murs. Des croisements. On pense à un manège. On pense à un théâtre de marionnettes. C’est du cinéma, du théâtre, de la musique, des mots. Les personnages commentent, se mêlent de la musique du film, de la ponctuation du texte. C’est du cinéma en liberté, à franchissement, mais très écrit. Et Fanny Ardant, dans son hamac, à mach 20, qui franchit le mur de son érotisme.

Et puis il y a ce jeu sur les mots permanent. Des décalages. Des à-peu-près. Des calembours. Des mots légers, des mots lourds. Des mots servis par de grands acteurs. « C’est simple comme deux et deux font deux. » Le Commissaire : « Vous avez remarqué ? Mes pieds de flic dans la flaque, ça a fait floc. » Un peu plus tard, le journaliste : « Dans les flaques ça fait flop. Alors il flippe. »

Un jeu pour ne pas faire trop sérieux. C’est beau, avec Bohringer & Co, un Deville la nuit.

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Un commentaire sur “C’est beau un Deville, la nuit (le jour aussi)

  1. Bonjour 😊

    Aux ‘ Poézies ‘ , de Michel DEVILLE

    « Le beau lac endormi rêvait aux océans,
    Charivari grandiose et ressacs rugissants,
    Ayant par-devers lui, ad vitam aeternam,
    Comme un regret morose et de la vague à l’âme ,,, »

    … Quelle heure est-il quand le jour se fend ?

    … Là-bas …

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