A la fenêtre, compter les mouettes, les pigeons et les corbeaux

412ehdFNLKL._SX301_BO1,204,203,200_Par ces temps de confinement qui s’étend, le goût de fenêtre suggère un intérêt appuyé pour les oiseaux.

De bon augure de préférence.

Il sait que Proust – qui s’y connaissait en matière de confinement mais j’y reviendrai – fait peur aux oiseaux.

Il sait qu’un perroquet peut recéler un indice dans une affaire criminelle aux éditions de Minuit.

Jim Harrison, le grizzly de la littérature américaine, n’y allait pas par quatre chemins. Sans aller jusqu’à l’insulte, il trouvait que ses collègues écrivains US étaient pauvres en noms d’oiseaux.

«La plupart des écrivains américains connaissent seulement trois sortes d’oiseaux différents : la mouette pour les scènes de mer, le pigeon pour évoquer les rues et les avenues de New York, le corbeau pour les chapitres campagnards » (à lire entre autres délices alphabétiques dans Jim Harrison de A à X de Brice Matthieussent, pas d’-y et de -z oui).

Et lui qui croyait que les auteurs américains ne s’intéressaient qu’aux ours !

Délaissant (pas longtemps) les États-Unis, il pense à la mouette de L’Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler de Luis Sepulveda, au Corbeau d’Edgar Allan Poe, au Pigeon de Patrick Suskind (il y reviendra bientôt)

Un écrivain peut avoir une prédilection animale. Ce sont des animaux à conte d’auteurs.

Avec ce confinement à goût de fenêtre, il se dit qu’il va peut-être se mettre à compter les mouettes, les pigeons et les corbeaux.

9 commentaires sur “A la fenêtre, compter les mouettes, les pigeons et les corbeaux

  1. Bonjour cher Rédacteur, 🙂

    < Avec ce confinement à goût de fenêtre, il se dit qu’il va peut-être se mettre à compter les mouettes, les pigeons et les corbeaux. … Mmh … ou bien , … pouvoir revisiter Albert CAMUS (1913-1960), 'Exhortation aux médecins de la Peste', du n°33 des tracts de crise GALLIMARD, … OFFERT !!! en ces périodes confinées …

    https://tracts.gallimard.fr/fr/products/tracts-de-crise-n-33-exhortation-aux-medecins-de-la-peste

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  2. SUJET DE FRANÇAIS :

    Albert Camus, La Peste – Le docteur regardait toujours par la fenêtre…

    Le docteur regardait toujours par la fenêtre. D’un côté de la vitre, le ciel frais du printemps, et de l’autre côté le mot qui résonnait encore dans la pièce : la peste. Le mot ne contenait pas seulement ce que la science voulait bien y mettre, mais une longue suite d’images extraordinaires qui ne s’accordaient pas avec cette ville jaune et grise, modérément animée à cette heure, bourdonnante plutôt que bruyante, heureuse en somme, s’il est possible qu’on puisse être à la fois heureux et morne. Et une tranquillité si pacifique et si indifférente niait presque sans effort les vieilles images du fléau, Athènes empestée et désertée par les oiseaux, les villes chinoises remplies d’agonisants silencieux, les bagnards de Marseille empilant dans des trous les corps dégoulinants, la construction en Provence du grand mur qui devait arrêter le vent furieux de la peste, Jaffa et ses hideux mendiants, les lits humides et pourris collés à la terre battue de l’hôpital de Constantinople, les malades tirés avec des crochets, le carnaval des médecins masqués pendant la Peste noire, les accouplements des vivants dans les cimetières de Milan, les charrettes de morts dans Londres épouvanté, et les nuits et les jours remplis partout et toujours du cri interminable des hommes. Non, tout cela n’était pas encore assez fort pour tuer la paix de cette journée. De l’autre côté de la vitre, le timbre d’un tramway invisible résonnait tout d’un coup et réfutait en une seconde la cruauté et la douleur. Seule la mer, au bout du damier terne des maisons, témoignait de ce qu’il y a d’inquiétant et de jamais reposé dans le monde. Et le docteur Rieux, qui regardait le golfe, pensait à ces bûchers dont parle Lucrèce et que les Athéniens frappés par la maladie élevaient devant la mer. On y portait les morts durant la nuit, mais la place manquait et les vivants se battaient à coups de torches pour y placer ceux qui leur avaient été chers, soutenant des luttes sanglantes plutôt que d’abandonner leurs cadavres. On pouvait imaginer les bûchers rougeoyants devant l’eau tranquille et sombre, les combats de torches dans la nuit crépitante d’étincelles et d’épaisses vapeurs empoisonnées montant vers le ciel attentif. On pouvait craindre…
    Mais ce vertige ne tenait pas devant la raison. Il est vrai que le mot de « peste » avait été prononcé, il est vrai qu’à la minute même le fléau secouait et jetait à terre une ou deux victimes. Mais quoi, cela pouvait s’arrêter. Ce qu’il fallait faire, c’était reconnaître clairement ce qui devait être reconnu, chasser enfin les ombres inutiles et prendre les mesures qui convenaient. Ensuite, la peste s’arrêterait parce que la peste ne s’imaginait pas ou s’imaginait faussement. Si elle s’arrêtait, et c’était le plus probable, tout irait bien. Dans le cas contraire, on saurait ce qu’elle était et s’il n’y avait pas moyen de s’en arranger d’abord pour la vaincre ensuite.
    Le docteur ouvrit la fenêtre et le bruit de la ville s’enfla d’un coup. D’un atelier voisin montait le sifflement bref et répété d’une scie mécanique. Rieux se secoua. Là était la certitude, dans le travail de tous les jours. Le reste tenait à des fils et à des mouvements insignifiants, on ne pouvait s’y arrêter. L’essentiel était de bien faire son métier.

    Albert Camus : écrivain, dramaturge et philosophe né le 7 novembre 1913 en Algérie et mort le 4 janvier 1960 dans l’Yonne. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1957.

    La Peste est un roman de 1947, qui raconte une épidémie de peste qui s’abat sur la ville d’Oran, fléau qui peut aussi être perçu comme la métaphore de la peste brune, la montée du nazisme.

    Le docteur Rieux contemple sa ville, empestée.
    Quelle vision de la peste est donnée dans cet extrait ?
    Comment le docteur conçoit-il son rôle ?
    I- Oran vue de la fenêtre
    A- Vues du docteur Rieux
    • Focalisation interne > la scène est vue par le docteur Rieux.
    Cf. « Le docteur regardait » ; « D’un côté » ; « de l’autre côté »…
    • Vision et ouïe.
    Cf. « regardait » ; « résonnait ».
    • Opposition :
    Cf. « le ciel frais du printemps » vs. « la peste ».
    • Le groupe nominal « la peste » est rejeté en fin de phrase : mise en relief.
    • Montrez que le narrateur réfléchit sur le terme.
    Cf. « le mot » ; « le mot »…
    Réflexion.
    Cf. « la science » vs. « une longue suite d’images extraordinaires… »
    Opposition entre le rationnel, le scientifique et la réalité.
    Source : http://www.sujetsdefrancais.com/sujet.php?suj=2446

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  3. … Mmh … à la question ‘ Réflexion.
    Cf. « la science » vs. « une longue suite d’images extraordinaires… »
    Opposition entre le rationnel, le scientifique et la réalité.’ … …

    … Ça pourrait faire des points, vous pensez ???

    😉 Cordiales salutations, amitiés

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  4. Un oiseau indéterminé chez Haruki Murakami – le meurtre du commandeur tome 2 :

    Le dimanche fut aussi un jour de très beau temps. Il n’y avait pas de vent et le soleil automnale faisait joliment resplendir les feuilles des arbres des montagnes en leur conférant toutes sortes de nuances variées. Des petits oiseaux à gorge blanche voletaient de branche en branche, picorant des bais rouges avec habilité. Assis sur la terrasse, je ne me lassais pas de contempler ce paysage. La beauté de la nature est prodiguée impartialement aux riches comme aux pauvres. Comme le temps…Non, le temps, ce n’est pas la même chose. Avec de l’argent, je crois que les favorisés de ce monde peuvent s’acheter du temps en plus.

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  5. Les oiseaux ont disparu dans Défaites de maitres et possesseurs de Vincent Message

    «  Iris se tient un peu en avant de moi, elle se met à courir pour un oui ou pour un non, moins endurante, mais explosive. Je vois ses jambes. Ses jambes là-bas, élégantes, élancées, qui me font signe, me commandent de la suivre. Elle s’arrête net au bord du chemin, cueille une graminée dont elle coince la tige entre ses incisives, et qui suffit – mains dans les poches, tignasse déglinguée par la pluie –à lui donner l’allure d’un jeune poète rebelle. L’air nous imprègne, et ses odeurs d’herbe et de bois. On pourrait avoir l’impression de renouer avec les sensations qu’a toujours dû donner cette terre dans les régions de climat océanique et tempéré. Mais les nuages qui filent, et le tremblement sans douleur des épis dans les champs – ils ne peuvent pas faire oublier que les oiseaux ont fait silence. »

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