Que la rudesse des Romains cède à une faiblesse lacrymale

« Pourquoi ces rivières. Soudain sur les joues qui coulent. Dans la fourmilière. C’est l’ultra moderne solitude. » chantait Alain Souchon. L’ultra moderne solitude ? C’est l’histoire antique qu’enseigne Sarah Rey en tant que maître de conférences à l’Université de Valenciennes. Si elle introduit son ouvrage par une référence à l’ultra moderne Barack Obama (un homme puissant en larmes publiquement, en 2016), elle a beaucoup à nous apprendre sur les larmes dans l’antiquité.


Son ouvrage et le nec plus ultra en matière de larmes antiques.
Que les armes cèdent à la toge ? Que la rudesse des Romains cède à une faiblesse lacrymale . Les sources sont nombreuses. Historiens, philosophes, orateurs pour déterminer le sens social des larmes à Rome. Beaucoup d’anecdotes témoignent de réalités. Le vocabulaire lacrymal est riche. Les geste d’affliction et de déploration, la posture. Et puis les larmes elles-mêmes. Les sincères, les feintes. Les contenues, les manifestées. Larmes politiques (celles de César, notamment), larmes de deuil, larmes rhétoriques…Les références empruntent au monde gréco-romain, depuis Homère jusqu’au Christianisme. Sur une ampleur chronologique pareille évidemment le sens des larmes a évolué. Par exemple, on reprochera un temps l’absence de chez Tibère (Tacite) pour en faire plus tard une qualité (Sénèque). L’ouvrage réussit à faire une synthèse sur ce sujet intime, publique et antique.
Outre les verbes latins flere, deflere, lacrimare, deplorare, complorare, gemere, lugere, complangere, plangere, queri, il y a ce mot de la fin. Grec, celui-là. Edakruen (c’est pas souvent que l’on peut croiser des aoristes grecs). Une forme verbale à traduire par « il pleurait ». Mais combien de larmes ? Beaucoup, peu ? On ne sait pas, comme le remarquait l’historien italien Arnaldo Momigliano.
Pourquoi ces rivières. Soudain sur les joues qui coulent, c’est l’ultra moderne solitude de l’historien. Il fait ce qu’il peut avec les sources qu’il a.

Un commentaire sur “Que la rudesse des Romains cède à une faiblesse lacrymale

  1. Bonjour, 😊

    Sujet vraiment passionnant !

    Il fait ce qu’il peut, avec les sources qu’il a.
    Qu’en deviennent, n’en manquant pas (à 02mn10), ‘ larmes de compositeur ‘, virgules du typographe.

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