Berlin 2036 ?

En 2036, on fêtera les cent ans de jeux de Berlin 36. Où en serons-nous ? Dans quel état ? Dans quelle situation internationale ? Nos années font du borderline. On se rappelle que l’important c’est de voter, de témoigner, de ne pas abdiquer.
Se souvenir aussi pour ne pas bégayer. Mais…mais…comment…comment…aurait-on pu…prévoir…comment… ?


Voilà pourquoi il faut lire « Berlin 36 ». Un titre efficace. Un lieu, une année. La couverture est sobre. On sait tous ce qu’il s’est passé là-bas. Sale refrain fasciste. We take Berlin, then…
Il ne faudrait pas garder en tête uniquement ce qui soulage notre conscience. La belle histoire et les victoires de l’afro-américain Jesse Owens comme une gifle au nazisme. L’athlète incarna ce souffle de liberté, avec des initiales prédestinées (J.O), mais la suite a prouvé que l’étau nazi ne s’était en rien desserré. Il n’y avait que trois places, pas plus, sur le podium de nos consciences.

Les J.O 36, c’est une entreprise sportive de communication pour rendre le nazisme mainstream, dormez braves gens. Le sens de l’hospitalité était, paraît-il, constant. Village facho dans les nuages. Ce n’était pas que poudre aux yeux, ça sentait la poudre, la guerre, l’empire. Le livre, par de courts chapitres, nous met dans le contexte à renfort de citations d’époque.
Le sport est toujours politique.
Ces jeux olympiques ne respectèrent pas la trêve prévue par les JO antiques (quelle idée aussi ! Paris 2024 n’impose aucun cessez-le-feu). Bien au contraire. En 1936, à Berlin, ça couvait et ça ferraillait en Espagne. Et les colombes de la Wehrmacht (on imagine la gueule de l’élevage…) lâchées dans le stade n’annonçaient pas la Paix, hélas.
Dans l’Olympiastadion à Berlin, on peut encore voir, sur une cloche qui servit à l’inauguration des JO 36, l’aigle emblématique du nazisme qui enserre les anneaux olympiques. 9 tonnes. Le colibri de nos bonnes consciences peut aller se rhabiller. Ce poids pèse encore sur nos consciences et on espère bien que cette cloche ne sonnera plus jamais. En fait, on aurait aimé qu’on la fît fondre…
La préface à cette nouvelle édition est salutairement signée Johann Chapoutot.
Lire ce livre est d’utilité publique. ¡No (re)pasarán!
On pourra prolonger la lecture avec le documentaire du même auteur, Jérôme Prieur, Les Jeux d’Hitler, Berlin 1936.

2 commentaires sur “Berlin 2036 ?

  1. Boujour :-),

    Et si …

    < Paris 2024 n’impose aucun cessez-le-feu, qu’annoncera l’ouverture  alors … de ces non jeux ?

    Et si l’on espère bien que la cloche prémonitoire ne sonnera plus jamais, c’est que malheureusement, il n’y a pas que les cloches qui savent sonner, désormais & de nos jours …

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