
ANTHROPOCÈNE, n.m.
On parle d’anthropocène parce que ce serait l’être humain (ἄνθρωπος, en grec) le responsable des changements sur Terre.
L’anthropocène, c’est l’âge des humains. L’âge ingrat. L’Ère des humains où l’humain erre.
Anthropocène. Et si anthropo- était l’élément, le mot en trop.
C’est pas l’humain qui prend la Terre, ce qui l’atterre c’est l’humain. Le capitaliste.
Le capitaliste qualifié, par ce mot grec, d’être humain, c’est le comble. De l’humanwashing in progress. C’est ça le progrès !
L’Anthropocène, c’est les autres.
Non.
C’est pas les autres. Ce sont les rois qui tiennent les rênes. Ceux qui dirigent, qui peuvent décider de tout changer en un claquement de doigt, dans un capitalacadabra.
Ceux qui manquent de tout ne sont responsables de rien. Et même ceux qui manquent de beaucoup.
Dans un pays du tiers-monde ou en voie de développement (pour arrondir les angles, à défaut d’arrondir les ventres par des politiques alimentaires efficaces), les humains ne sont responsables de rien. Quant à ceux qui ne sont rien, ceux qu’on croise, dit-on, dans les gares, ce qui est sûr c’est qu’ils ne font rien pour casser le monde. Ils regardent tout juste passer le train de l’indifférence de ceux qui, toujours pressés dans leurs délices aux merveilles, jonglent entre avions et voies ferrées.
Pour les capitalistes, l’anthroposcène est un théâtre. En maître du monde, de la Terre, ils saccagent et gardent l’être humain dans sa cage, dans sa zone de privation de rêves alternatifs. Vous, c’est nous. Dans ce mot ils nous englobent tous dans leur vision du monde. Comme condamnés à la peine capitaliste.
Bonjour, comme on mal nomme les dégâts.
À anthropo- préférons capitalo-Capitalocène, une appelation saine.
Capitalocène ma non anthropo.
Boris Vian, « Ils cassent le monde »
Ils cassent le monde
En petits morceaux
Ils cassent le monde
À coups de marteau
Mais ça m’est égal
Ça m’est bien égal
Il en reste assez pour moi
Il en reste assez
Il suffit que j’aime
Une plume bleue
Un chemin de sable
Un oiseau peureux
Il suffit que j’aime
Un brin d’herbe mince
Une goutte de rosée
Un grillon de bois