Bonne heure littéraire : 14h00

À lire à l’heure

vAPtnGvoMc3uoBQVLH5F6dnqc1c@350x578« Le lendemain matin, Clayton partit avec l’expédition de secours, à la recherche du lieutenant d’Arnot. Il y avait, cette fois, deux cents hommes armés, avec dix officiers, deux chirurgiens et des provisions pour une semaine ; on emportait aussi des civières et des hamacs, pour les éventuels malades et blessés. La compagnie était déterminée et animée d’un esprit de revanche. C’était une expédition punitive aussi bien qu’une expédition de secours. On atteignit peu après-midi l’endroit où l’expédition précédente avait été attaquée, car on connaissait maintenant le chemin et on ne perdait plus de temps à explorer le terrain. Du lieu de la bataille, la piste de l’éléphant conduisait droit au village de Mbonga. Il n’était que deux heures de l’après-midi quand la tête de colonne s’arrêta au bord de la clairière.

Le lieutenant Charpentier, qui commandait, envoya aussitôt une partie de ses troupes, par la jungle, jusqu’au côté opposé du village. Un autre détachement fut dépêché vers un point faisant face au portail. Lui-même se posta, avec le restant de ses forces, le long de la lisière sud.

Il avait été décidé que le détachement qui devait prendre position au nord, et qui serait donc le dernier à atteindre ses lignes, commencerait l’assaut. Sa première salve donnerait le signal d’une attaque simultanée sur trois côtés, dans la tentative d’enlever le village à la première charge. »

Tarzan, seigneur de la jungle d’Edgar Rice Burroughs

Bonne heure littéraire : 14h00

À lire à l’heure

index« Et tout finit par des chansons. Ensuite de ça, le Français aime qu’on lui fasse des compliments. Il y est habitué, n’est-ce pas. Aussi, pour commencer la journée du chômeur, ma radio d’État lui envoie chaque matin le discours qui convient. « Chômeurs, que je leur dis, vous êtes l’orgueil de la France, le monde entier vous regarde avec admiration, et cætera. » Voilà mes cinq millions de chômeurs remontés, bien frais, bien dispos. La matinée se passe à causer politique et à bricoler. N’oubliez pas que j’organise chaque semaine un concours du bricoleur le plus ingénieux. Après arrive l’heure du déjeuner. La plus franche gaieté règne pendant le repas. Et l’après-midi, c’est le sport. Là, je fais un gros effort. Tous les jours, de deux heures à cinq heures, mes chômeurs assisteront à un match de football ou de rugby entre les grandes équipes de France et de l’étranger. Présence obligatoire.  »

Travelingue de Marcel Aymé

Bonne heure littéraire : 14h00

À lire à l’heure

51Ln5IY-b7L._SX210_« Dans près de trente ans, lorsque les avocats raconteront cette histoire au procès pour meurtre du fils – à l’époque, pas encore né – de Bessie et d’Alcide, ils transposeront ce qui se passe ensuite au milieu de la nuit noire, comme si c’était inimaginable en pleine clarté diurne. Mais en 1964, il est 2 heures de l’après-midi, et Alcide transpire au soleil. Il n’y a pas de climatisation, et l’air qui s’engouffre par les vitres baissées semble sortir d’un four. Sous le pare-brise, la chaleur du soleil doit s’accumuler et cogner sur Alcide. Les enfants ont besoin de manger ; les enfants ont besoin de s’habiller ; les enfants ont besoin. Il ne peut pas donner aux enfants ce dont ils ont besoin. Peut-être à présent la sueur lui pique-t-elle les yeux – il lève une main pour s’éponger le visage, et ce geste – ce geste d’une seconde, où sa main frotte ses yeux, où ses yeux ne sont pas sur la route et où sa main n’est pas sur le volant –, peut-être cet instant suffit-il à tout faire basculer. Lors du procès, les avocats se demanderont si Alcide avait bu. A-t-il une flasque cachée sous son siège, une flasque pleine d’alcool qui le force à coincer le volant entre ses jambes pour pouvoir l’avaler, ce qui rend supportables toutes ces longues heures passées à renoncer – à conduire sa famille tout droit vers le renoncement ? Pour certains actes, il faut se donner du cœur au ventre. Mais alors qu’il s’apprête à tout perdre, ou presque, il me faut trouver un moyen plus charitable de raconter cette histoire. Alcide transpire dans la chaleur. »

L’ empreinte d’Alexandria Marzano-Lesnevich

 

Bonne heure littéraire : 14h00

À lire à l’heure

A-l-ombre-des-jeunes-filles-en-fleurs« Enfin je voyais clairement : « deux heures de l’après-midi ! » je sonnais, mais aussitôt je rentrais dans un sommeil qui cette fois devait être infiniment plus long si j’en jugeais par le repos et la vision d’une immense nuit dépassée, que je trouvais au réveil. Pourtant comme celui-ci était causé par l’entrée de Françoise, entrée qu’avait elle-même motivée mon coup de sonnette, ce nouveau sommeil, qui me paraissait avoir dû être plus long que l’autre et avait amené en moi tant de bien-être et d’oubli, n’avait duré qu’une demi-minute. »

À l’ombre des jeunes filles en fleur de Marcel Proust (1919)