Basquiat et son œuvre composée à 80% de colère

Un accident. Renversé par une voiture, le jeune Basquiat bascule dans une vie artistique. Pas un conte, pas un « Il était une fois », mais, « Un jour, il arrive que… ». Accidit ut, en latin (« soudain, c’est le drame », disent les journaux-télé).

L’Accident. Le jeune Basquiat a sept ans. Ce Mai 1968-là est sa Révolution. Quel jour, quelle heure ? On ne sait. Basquiat reste secret. Vingt années de création artistique nourries par cet accident, transformé en ferment.

Mai 68, pas un pavé, l’asphalte. Chaos. Debout.

Après l’accident, vient un manque fondateur. À sept ans, il subit une ablation de la rate, le spleen anglais. Puis tout continue par un don. Un livre d’anatomie offert par sa mère dont les couleurs, les motifs vont s’inviter dans l’œuvre de l’enfant devenu adulte et peintre. Lui doit-il sa couronne de Roi des couleurs ? Drôle de cadeau quand on y réfléchit. Anatomie. Organe. Corps paysage. Par l’intermédiaire de sa mère, il y a ce livre et puis des visites régulières aux grands musées new yorkais.

Enfant sorcier, Do It Yourself. Ça va vite dans la vie de Basquiat.

L’auteur du livre enquête. Son essai se fait personnel. Il fait des hypothèses. Il joue sur les mots et les toiles et sur les mots inscrits par Basquiat sur les œuvres du peintre-poète. Une œuvre composée à 80% de colère. Et les 20% qui restent ?

Basquiat est peut-être un artiste embarqué dans son Art par une bifurcation déguisée en accident de la circulation. (Avec ce type d’accident, on n’est jamais loin du mythe d’Œdipe et de ces violences nées au milieu d’un carrefour.) Embarqué peut-être, mais auteur de son propre refus, de sa façon bien à lui de se saboter au beau milieu du marché de l’Art, avec pour idole – point de mire-point de maître – Andy Warhol.
Parker, Hendrix, Basquiat. On meurt jeune dans l’Art. Le régime capitaliste ne convient pas à tous les artistes. Il y a des intolérances (racisme, calculs glacés, machine à fric…). La marque des grands et le prix à payer.

« Basquiat me fait penser à Rimbaud. La même insolence, les mêmes mauvaises manières;
Au XIXe siècle, Basquiat aurait été poète.
Au XXe siècle, Rimbaud aurait été peintre.
Boucles. »

Si vous ne connaissez pas (ou pas bien) Basquiat, ce qui est mon cas, vous apprendrez beaucoup dans cet essai. La lecture est fluide et ouverte aux Béotiens.

https://www.editionsdelavariation.com/product-page/basquiat-mai-1968-manuel-esposito

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