Johnny Cash ou On ne peut juger des chiens à une couverture.

En 1994, Johnny Cash sort un album, American Recordings. Son meilleur depuis des années.

L’album marque et la pochette devient iconique.

Sur la couverture, on voit l’homme en noir dans son long manteau. Une silhouette de prêtre et derrière cette religiosité, un champ de blé.
Oui, du blé derrière du Cash, ça fait mauvais genre pour un français. Mais comme Johnny Cash, ça fait J.-C., respect.

Le vent se lève et ses cheveux aussi.

Il est flanqué de deux chiens. In dogs we trust. La terre et le ciel. Two dogs, to God ?

À la fois le folk et la légende. Ce sont deux petits lions de portes de palais mycéniens. C’est le 81ème album que le chanteur américain sort de ses forges. Follow the line et au-delà. Il a soixante-deux ans et a atteint déjà la stature de mythe.

C’est un de ses meilleurs albums. Un bel âge pour s’arrêter. Il continuera et ne fera pas mieux.
Sur la couverture de l’album, il y a donc deux chiens. Les deux tirent la langue. L’antithèse est facile. Le champ de blé l’annonçait avec son bon grain et son ivraie. Johnny Cash semble inventer une histoire à partir de ces deux chiens. Un chien noir et blanc qu’il a nommé Sin (Péché) et un chien blanc et noir qu’il a nommé Redemption.

Deux chiens pour faire un contraste graphique et une dualité qui refuse le manichéisme. Jamais tout bien, jamais tout mal.
Man in White and Black.

Johnny Cash tient l’étui de sa guitare et nous regarde. Pauvres pécheurs que nous sommes, nous avons tous besoin d’une rédemption. Johnny Cash, pauvre prêcheur. Il nous le dit en chantant.

En réalité les deux chiens ne sont restés assis qu’une poignée de secondes. On ne peut juger des chiens à une couverture.