
C’est l’histoire d’un homme en fuite.
Le lecteur ne sait pas qui est cet homme. Il ne sait pas ce qu’il fuit. Il sait juste qu’il a beaucoup d’argent. Une centaine de milliers de dollars.
Comme au début de Psychose d’Hitchcock, Marion Crane et son butin dans la voiture. D’ailleurs le personnage s’arrête dans un motel.
Virée américaine. Road-book. Sa traversée des USA interpelle l’imaginaire. « J’ai cessé d’émettre. On ne peut pas me localiser. Je m’appelle Tom Joad. Je ne suis personne – qui êtes-vous ? »
Plan de survie en milieu urbain.
Il fuit les caméras de surveillance et tous les établissements qui en possèdent. Il n’a plus aucun papier. Il ne veut pas avoir de contact avec la police, ce qui en fait le conducteur modèle sur le réseau routier américain .
Finalement, il s’installe dans une petite ville pauvre, dans une rue nommée Sugar Street. « Sugar Street, c’est son nom. Doit pas y avoir beaucoup de villes avec une Sugar Street, »
L’homme dit vouloir se reconstruire. Il se taille pour réduire la taille de son monde. Il est servi. La ville est petite et son logement aussi.
Aucune relation sociale ou presque.
La bibliothèque, le collège pas loin, le parc, l’épicerie. Les interactions sont rares. Et il ne veut pas éveiller de soupçons.
Le lecteur devra se débrouiller pour savoir que penser de cet homme. Sa logeuse est plus franche.
Le récit est fait à l’économie. Le lecteur n’en sait pas trop ce qui lui permet d’attendre, impatient, les réponses qu’il attend à la fin du récit.
Quand on fuit, est-ce que le passé finit par vous rattraper ? Et qui est cet homme ? Quel genre d’homme est-il ? C’est lui qui raconte sa fuite et sa planque. Cette subjectivité peut dissimuler bien des choses que le lecteur essaie d’imaginer.