
Orwell libraire amuse. Et l’éditeur de cet opuscule (regroupant des articles) lui aussi. Pour preuve, il met en 4ème de couverture cette percutante formule « C’est lorsqu’on commence à entretenir une relation professionnelle avec les livres que l’on découvre à quel point, ils sont généralement mauvais. »
C’est le ton dramaticomique du premier texte sur l’expérience d’Orwell en tant que libraire. Il portraitise ses clients avec humour et parfois effarement.
Orwell parle de ces clients qui commandent des livres rares sans jamais venir les chercher. Il parle de ces tantes qui cherchent toujours un livre pour leur neveu. Il parle de ce livre recherché par une cliente sans date, sans titre, sans auteur mais dont, je vous l’assure !, la couverture est rouge. Il parle de ces livres jeunesse hideux (voir le duel Petrone vs Peter Pan). Il parle de ces clients bien contents de pouvoir traîner dans les rayons le temps qu’ils veulent sans avoir rien à débourser…
La parano orwellienne d’un libraire débutant ?
Il parle enfin de ces prêts en bibliothèque bien plus révélateurs des goûts de lecture d’un peuple que ses achats en librairie.
Sommes-nous ce que nous empruntons ?
Oui, semble-t-il dire.
Dans un autre texte, il nous fait un tableau apitoyant du critique littéraire obligé de lire à contrecœur ce que son supérieur lui envoie par la poste. Du lourd. Du pénible. Des jours sans fin. Un peu de fantaisie. Avec ce roman égaré au titre curieux On est plus à l’aise sur le dos.
Quatre courts textes qui raisonnent un peu nos jours.
Les livres jeunesse sont bien beaux. Internet permet de trouver rapidement le titre d’un livre en en fredonnant quelques mots (ou je confonds avec les chansons). Quant aux libraires, ils lisent. Et bien. Et généreusement pour un partage vertueux avec les lecteurs.
Oui, les temps ont changé. Les critiques, bridés par leur rédaction, ont désormais les blogs pour exprimer leurs vrais enthousiasmes. Non ?