Je lis Stephen King seulement quand c’est obligatoire

En lisant un roman de Ken Bruen, il est tombé sur cette réplique savoureuse :

– Vous ne lisez pas Stephen King ?

– Seulement quand c’est obligatoire.

En Effeuillant Baudelaire de Ken Bruen

Peu de temps après cette lecture, il a regardé le film Cell de Todd Williams (2016). Un film d’horreur inspiré d’un roman de Stephen King. Moment de détente, espérait-il. Il ne l’a pas aimé, l’a trouvé très confus. Il a pensé alors à la réplique de Ken Bruen et s’est senti obligé de lire du Stephen King : le roman ayant inspiré le film.

Cellulaire (2006). Un roman placé sous les auspices de Richard Je suis une légende Matheson et George La Nuit des morts-vivants Romero.

L’idée phare du roman c’est que le monde sombre des suites d’une épidémie de folie transmise par le téléphone portable. Une farce technophobe. Objets vissés, vicieux, à nos oreilles. Les êtres humains qui téléphonent se déshumanisent aussitôt, se transforment en des créatures violentes et sanguinaires, mangeuses d’oreilles, mais pas seulement. Il y a toutefois des rescapés (sinon il n’y aurait pas de livres). Le lecteur suit d’abord un trio : un auteur de BD, Clayton Riddell, Tom McCourt et une ado, Alice Maxwell.

C’est du post-apo drôle et féroce. Il dirait bien jubilatoire, mais l’adjectif a déjà été pris. Bien sûr, c’est de la série Z pour zombies : des morts, des scènes gores, sur fond d’échos traumatiques typiquement américains (11 septembre, Katrina, les dérives sectaires) et de crime de masse.

Malgré tout, le rire est là (même si les plaisanteries les meilleures étant les plus courtes, 500 pages, c’est beaucoup).

S’il y a un personnage qui cherche son fils, un autre se contente de retrouver son chat.

Des zombies chantonnent Everybody loves somebody sometime de Dean Martin.

« C’est très faible, avait dit Jordan. À peine un murmure… mais on arrive à l’entendre.
Et Clay l’entendit, les paroles de la chanson sortant de la bouche entrouverte avec une ou deux syllabes d’avance sur ce qui montait des stéréos en réseau : Dean Martin chantant Tout le monde aime un jour quelqu’un. »

Un zombie qui ressemble à une vieille prof de latin se sort d’une mêlée violente.

« Clay ne fut nullement surpris que la dernière à rester debout fût la dame qui ressemblait à une prof de latin ou à une bibliothécaire à un ou deux ans de la retraite. Il avait eu pas mal de profs dans son genre, et celles qui parvenaient sans dommages jusqu’à cet âge étaient la plupart du temps quasi indestructibles. »

Justement, la figure du prof est souvent convoquée et moquée.

« Il se disait aussi, après coup, qu’adopter le plan d’un vieux prof d’anglais pour faire sauter un terrain de football était un peu comme aller sur le front avec un canif…. et pourtant, oui, l’idée lui avait paru bonne. »

Il y a un personnage secondaire qui se nomme Noah Chutsky (coucou Noam Chomsky).

Belle trouvaille que le néologisme du traducteur, William Olivier Desmond, pour désigner ces zombies victimes du portable : les « si-phonés ».

Et puis il y a ces zombies qui se mettent à s’organiser, qui ont de la conscience, de la pensée télépathique de groupe.

« – Avez-vous vu ce film, lui demanda-t-elle, L’Armée des morts ?
— Oui, répondit Clay, ajoutant soudain : Tu ne vas pas me dire que tes parents t’ont laissée voir ça, si ? »
Elle le regarda comme s’il était simple d’esprit. Ou vieux.  »
– Une de mes copines l’avait en DVD. On l’a regardé un jour où je dormais chez elle… on devait avoir douze ans, même pas. » C’est-à-dire à l’époque où les troupeaux de bisons occupaient la plaine jusqu’à l’horizon, semblait-elle dire. « Dans ce film, tous les morts – bon, pas tous, mais beaucoup – reviennent au centre commercial quand ils se réveillent.   »

Ah ! Les troupeaux de zombies de Romero.

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