T’as quitté ton Ithaque. Tic-tac

Au lobby Lapointe.

T’as quitté ton Ithaque.

Tic-tac. Ithaque.
Ta tactique attique était antique. 

Avant de se barrer, il arrête la guerre de Troie. Ensuite, tous ces soirs à errer, sans oreiller. Ulysse hagard, amer, noir. C’est toute la mer à boire avant de rentrer. De récifs en rocs.
Son Ithaque, sa jolie Ithaque. Il l’a quittée et ne veut pas y retourner en vieillard décati.
Il a fait chou-blanc à cause de ses compagnons imprudents, à cause de Poséidon. Nu, il s’échoue blanc sur les rives de Phéacie. Ses mille ruses sont devenues des tactiques antiques en toc. Par chance, le conteur du bar n’est pas ivre mort et parle comme un livre. Ulysse crie À l’aède ! Ses mille ruses valent mille livres, mille chants, dans le mille ! « Matez ma mètis ! » a-t-il envie de chanter mais il se trompe de chanson.

Et toujours ce réveil vermeil qui lui prodigue des conseils pendant son sommeil : Tic-tac. Ithaque.
T’as qu’à, t’as qu’à t’cuiter
Cuite-toi, à Ithaque t’es cocu.

À Ithaqu’à t’cuiter.

Tout ce temps. Sa Thiáki tique – tout est dit ? – tout en détricotant son tricot. Un tas de prétendants toqués du trône d’Ithaque caquètent et discutent et critiquent avec des coquettes.
Tic-tac. Ithaque. Tic-tac. Encore en lice, Ulysse glisse sur la lisse piste du retour.
Ulysse. Sa tactique, c’est son cap. Et puis l’arc… Ulysse attaque à Ithaque. Pas de quartiers, à ses côtés Télémaque.