Paradis, c’est l’Enfer dit Gainsbourg lors de la Vanaissance de l’album Variations sur le même t’aime, au début des années 90.
Au même moment, ou presque, les îles Canaries sont promues nouveau paradis fiscal.
L’argent circule dans des tubes et dans des réseaux souterrains, obscurs, des réseaux d’initiés.
Paradis fiscal !
Mouroir, mon beau mouroir. Une île retranchée, entourée de calculs égoïstes.
Tout ce qui est dégueulasse porte un joli nom s’exaspéra plus tard le chanteur Alain Leprest.
Le paradis fiscal fait penser à une plage fiscale ? À un cocotier fiscal ? À un naufragé fiscal ? Non, la métaphore s’arrête là. Le naufragé, c’est le mot.
Paradis.
Il y avait déjà eu, jadis, cette tentative de saborder le mot. À coup de Bible, d’Adam et d’Eve. Et de serpent, même pas monétaire.
Paradis.
Un mot fragé.
Un mot cassé.
Un paradis perdu.
Le dictionnaire Historique de la Langue Française nous apprend que « La Bible grecque l’emploie pour traduire le « jardin [étymologiquement “l’enclos”] de la Genèse ». Il s’est ainsi spécialisé au sens de « jardin d’Éden » et de « jardin des Bienheureux après la mort ».
Le côté obscur des bienheureux, c’est le paradis baudelairien. Ses paradis artificiels détonnent. Ce dérèglement des sens annonce l’arrivée vers 1950 de l’expression « paradis fiscal »
Le paradis fiscal ! Qui a eu cette idée folle ?
Depuis bientôt cent ans, on est au spectacle. Des décennies qu’on durcit la lutte contre les paradis fiscaux. Et on joue les arrêts de jeu, sans arbitre.
La lutte contre les paradis fiscaux n’en finit plus. Quand elle n’est pas menée par ceux qui en profitent…
Ça sent le mauvais SAS (pléonasme) : On nous berne aux Bermudes ou autre Panier de crabes aux Caraïbes.
De quoi chanter « car je suis sûr, sûr, qu’on nous prend pour des cons, ça j’en suis certain ».
Nous sommes nombreux à être des enfants du paradis (fiscal). Installés dans la partie la plus haute de la salle de spectacle qui s’appelle le paradis. C’est là que se trouvent les places les moins chères. (d’où les Enfants incarnés à l’écran par ledit Marcel). Le paradis des sans-dents (regard descendant) et des pas-un-radis.
Faut pas prendre les enfants du paradis pour des canards sauvages.
Et si, pour commencer, on changeait la dénomination, ce « paradis fiscal » ? Un plan B pour désigner ces planqués.
En anglais, on parle de « tax haven ». Haven, c’est le refuge. A ne pas confondre avec heaven, le paradis. A croire que l’expression « paradis fiscal » est une mauvaise traduction…