On connait les battements par minute. Ces battements cardiaques qui deviennent inquiétants quand il s’agit de les compter.

La screwball comedie parle d’un autre « par minute » : le nombre de mots par minute.
Parle, minute ! Pas une ligne de dialogue sans plein de mots dans ces comédies romantiques des années 30 ferraillant dur contre la Grande Dépression.
Les films tournaient à une centaine de mots par minute. La screwball comédie explose le score.
À l’époque, la comédie loufoque s’intitule His Girl Friday ou Bringing Up Baby.
Hollywood ne mâche pas ses mots (ça change du chewing-gum).
Les dialogues fusent, les répliques s’enchaînent, se superposent, s’interrompent. C’est fluide, ça pétille, ça mousse. Ça va vite. L’esprit. Le Sprite ! Pschiiiitttt ! La Farce est avec eux. Screwball, le mot vient du base-ball. A croire que les mots se transforment en balle prête à être percutée et à percuter pour le home run ! (c’est plus simple que le hurling).
Ça tire à hue et à dia…logue.
« Ça tourne ! » dit-on au cinéma ? Avec ces dialogues, ça virevolte. Les mots se lancent. Les mots dévissent et c’est bien, c’est drôle.
C’est un ouragan de 240 mots par minute dans His Girl Friday : Todd Maccarthy les a comptés, les a flashés. Qu’en est-il dans la traduction ? Le doublage imposa une redoutable contrainte. Et vous, prêt(e) à dire en 1 minute les 240 mots que compte ce texte quand vient le mot FIN ?