Entretien avec J. Santitre, un auteur qui ne sort pas de livre en cette rentrée littéraire.

– Santitre, c’est votre vrai nom ? Ou c’est un pseudo d’écrivain ?
– C’est mon vrai nom.
– Bon, je vous ai googlisé et, vous vous en doutez, je ne vous ai pas trouvé. En revanche, Wikipedia liste plusieurs œuvres qui portent votre nom (ou presque), Sanstitre : par exemple, une nouvelle de Tchekhov. Vous l’avez lue ?
– Euh…non. Cela dit, c’est de famille. Ma cousine Sylvie n’a pas lu Sylvie écrit par de Nerval et je connais une nana qui n’a rien lu de Zola ! Si ! Si !
– …Pas de livre à votre nom sur l’étal des librairies. Vous n’aviez tout simplement rien à dire ?
– Regardez (il montre une liasse de feuilles) ces lignes voyagent bien au bout de la nuit et, un matin, surgit le manuscrit. Ensuite, les récits plongent dans les récifs de l’édition. Là, je ne maîtrise plus grand chose. Les éditions Charybde & Scylla, vous connaissez ?
Pour l’instant, je fais face et bonne figure à une pile de refus. J’attends. Les éditeurs ont des PAL. Moins plaisante que celle des lecteurs. J’appelle ça Loto-édition. Visiblement les livres de Santitre s’empalent et passent à la poubelle. Et si le cinquante-neuvième envoi était le bon ? Pour en revenir à votre question sur mon absence en librairie. Oui, les manuscrits existent : je les ai rencontrés !
– Vous persévérez…sans éprouver la moindre jalousie envers vos confrères ?
– Oui, je persévère. Rien de diabolicum, là-dedans, j’espère. Je travaille à mon petit bonheur : plaisir d’écrire, plaisir de la construction d’un récit, tentative de comprendre une époque. Le temps laissé permet de modifier, d’ajouter, de peaufiner. Ça permet de passer du prolifique à la substantifique moelle. Même si certains n’y voient sans doute qu’un substantifique mouais !, pas plus. Quant à la jalousie…oui, je l’avoue, certains auteurs ont écrit le livre dont j’aurais aimé être l’auteur.
– Pour cette rentrée, vous êtes, malgré tout, un écrivain heureux ?
– Oui…à l’abri des critiques. Vous savez que certains livres ont peur de sortir ? Les colonnes de certains journaux ne sont pas sûres, la nuit. Bon, la finalité de mes écrits reste tout de même de trouver des lecteurs. La mention « Lu mais à prouver » n’offre pas un grand lectorat. Je ne fais pas donc ma rentrée littéraire, mais une rentrée différée. Entre ceux qui ne font pas la rentrée et ceux qui n’auraient pas dû sortir, ça fait une moyenne.
– N’y-a-t-il pas, parfois, des moments de découragement ?
– Oui. Il m’arrive alors de basculer dans l’épilepsigne, comme un haut-mal qui me fait du bien. Pas un jour sans une ligne. Quand la tension monte, le signe détend. Les manuscrits ont cet avantage sur les livres qu’ils ne sont jamais épuisés.
– On se voit à la rentrée prochaine ?
– Oui, mais je ne sais pas laquelle.
Bonjour , 🙂
Trop fort👍 cet auteur ‼️… ceci étant , pour J. Santitre …
< J’attends (…)
Il est dit de J en wiki que: < J, parfois utilisé en mécanique du solide pour nommer le moment d'inertie.
Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/J
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Et puis, forcément, de St Titre au Magnifique …
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