
« Mais j’irai revoir encore et encore
La blonde et moi, même si j’ai tort
De passer pour un dépassé
Accroché à un vieux ciné
Qui m’éclate encore » (Happy Birthday Rock’n’Roll, Eddy Mitchell)
Revoir Belmondo. L’homme de Rio. De plus Bel’.
Il est en deuil de son film du dimanche soir. D’une certaine tendance du cinéma français.
L’homme de Rio. C’est pas lui, c’est l’autre. Il ne présidera jamais aux destinées du Brésil. Pas plus qu’il ne se voyait en Pérou le fou. Pas de mandat, plutôt du genre mandale…pour rire, pour venger.
Il est acteur. Il le reste par sa bobine, par ses bobines.
« À ma zone confortable » serait une dédicace à faire pour chacun des films de cet inénarrable Homme de Rio.
Sa gouaille n’est pas politique, mais poétique, onomatopéique, cartoonesque Toc-toc ! et Badaboum.
Il ne gâche pas la forêt amazonienne avec l’Histoire et sa grande hache.
Il est l’élu du cœur de tant de Français, de tant de « sans-dents » et de Chico qui se revendiquent de Mendes.
Bebel, comme une Tour de Babel qui aurait réussi. Un langage universel.
Lors du confinement, Lui et De Funès avaient fait un carton. De Funès en funambule, à emballer la France inquiète en mal de divertissement.
Et il continuera. Recyclé en été comme en hiver. Quand c’est gravé, c’est moins désespéré.
L’homme de Rio. C’est un autre Mondo possible. Un bel ! C’est celui qui est tout feu, tout flamme, mais pour de faux. Flou sur la photo mais parfait dans des images animées. Dans ce film, seule la statuette du musée est immobile. Et encore…
Le mouvement, justement c’est lui, Bebel. Il se pend haut et court l’instant d’après. La course folle, le corps et le cœur qui bondissent, juste après avoir demandé la permission…Il est militaire, soldat de 2è classe Dufourquet et a 8 jours de perm’. Il est dans l’armée, certes. Mais il n’a rien d’un Jair Bolsanero, ce comédien qui, plus tard, fera jaillir Borsalino sur grand écran. Il a la classe dans son smoking blanc.
Dans ce monde où l’homme est un loup pour l’homme et où les statuettes maltèques sont autant recherchées que les faucons maltais, son personnage désespère de retrouver sa fiancée, Agnès, dulcinée magnifique jouée par François Dorléac. Tourtereaux tôt ou tard réunis. Ah ! Faut le voir râler et venir, perdu entre sa ravissante et ses ravisseurs. À l’âge d’homme, en fantaisie ! De quoi mériter l’Oscar (Niemeyer) à Brasilia pour ses acrobaties vire-voltantes (Le Festival de Calme ce n’était décidément pas pour lui).
2021. Image figée. Dorléac et Belmondo désormais réunis dans une voiture rose avec des étoiles vertes.
C’est le Brésil de l’homme de Rio. Beaucoup Bebel, un peu Gilberto. Décomplexé. Cet « homme de Rio » n’a rien d’un « homme roide » (n’en déplaise à l’anagramme). Pas engourdi, dégourdi. Une mécanique plaqué sur du souriant. Rien d’un spasme politique, mais un bel espace filmique. On ne pense pas qu’au vide. Aucun vertige. Aucun virus. De la vista et de la vis comica. À Rio de Janeiro, sans gêne, héros.
L’homme de Rio reste celui qui inspira Spielberg pour son Indiana Jones. Et pour ça aussi, chapeau ! Une comédie d’aventure française qui elle-même puisait dans Hergé et dans Maurice Leblanc.
« C’t’à voir, j’vous jure ! » Un film de dimanche soir, une film d’aventure qui finit bien. Et Bebel retrouve sa fiancée et son copain de régiment Lebel.
Dans Cartouche, film qui précéda L’homme de Rio, le personnage joué par Claudia Cardinale lance à celui joué par Belmondo :
« Amuse-toi, ça empêche de mourir. »
Beau texte, belle conclusion.
On ne pensait même pas qu’il pouvait mourir, disons le mot. Alain Delon est certainement fort triste.
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Le corps de mon ennemi, avec notamment Marie-France Pisier, dialogues de Miche Audiard, citation du poète …
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