Bouledogue de Darwin vs Rottweiler de Dieu

À notre gauche, un biologiste, paléontologue, philosophe. C’est Thomas Henry Huxley (1825-1895). Le grand-père d’Aldous, lui-même père du Meilleur des Mondes (1932). C’est l’un des plus grands soutiens des thèses de Darwin,  « l’homme le plus dangereux du monde », mais peu à l’aise en face du clergé. Darwin laissa donc Huxley, cette boule de fougue, ferrailler dans l’arène. Cet ardent défenseur des théories de son ami hérita donc du surnom de « bouledogue de Darwin ». Sa vision d’une guerre « de chacun contre chacun », d’une jungle à l’éthique fugace  lui vaudra les foudres du prince Kropotkine, l’anarchiste russe, plus sensible à une dimension d’entraide (fourmis, abeilles, loups…)

Lors d’un débat à Oxford, en juin 1860, les soutiens de Darwin s’opposent à l’évêque d’Oxford, Sam Wilberforce. Lors des échanges qu’on devine vifs, l’évêque demande à Huxley si c’est par son grand-père ou par sa grand-mère qu’il descend du singe. Le bouledogue de Darwin lui répond en substance : mieux vaut descendre d’un singe que d’un imbécile ou d’un menteur. 

À notre droite, un pape. Benoît XVI. Joseph Ratzinger. JR était déjà pris. On le surnomma alors le « Rottweiler de Dieu » (notamment la presse britannique) à cause de son épais conservatisme et de son passé dans les jeunesses hitlériennes (bref et forcé dit-on). Le panzer cardinal devint pape, gardien féroce de l’orthodoxie, prêt à monter la garde et à montrer les crocs. Il essaya bien de charmer mais le surnom lui colla longtemps à la peau. God et Dog, liés. Au mieux, au milieu des brebis égarées et des bredouillis, il pouvait passer de « Rottweiler de Dieu » à « Berger allemand ».
À peine huit ans sur le trône de Saint-Pierre et puis s’en va. Habemus plus ce papam. Renonciation. Vacance, j’oublie tout. Une démission. Un pape en fuite, comme dans un film de Moretti avec Piccoli. Depuis, son successeur François a hérité du surnom d’évêque des Bidonvilles et de quasi coco (l’important c’est le mot quasi).