Face à une bête sauvage

Face à une bête sauvage se présente sous la forme d’un guide de mauvaises rencontres. C’est un Tout ce que vous avez toujours voulu savoir pour éviter que ça se passe mal avec un sanglier, un puma, un ours…sans jamais oser le demander à des hommes qui n’y connaissent rien.

L’homme fait des erreurs. Quand la rencontre du 3ème type est un animal, la bête sauvage est un objet vivant non identifié.

Ça peut être une mauvaise rencontre près de chez vous : chien errant, corneille, sanglier, moustique, serpent…

Ça peut être une mauvaise rencontre loin de chez vous : puma, éléphant, macaque, coyote, ours (à moins que vous viviez dans les Pyrénées)

C’est un livre savant sur l’éthologie de ces bêtes avec qui ça peut se passer mal mais avec qui ça pourrait se passer bien à la condition que l’être humain entre dans le jeu de leur communication.

Une leçon de philosophie pratique, un petit cours estival d’éthologie.

Comprendre la bête, c’est le cheval de guerre des Éthologues. Les animaux, comme l’aurait dit Yoda, « sont amis nos. Les comprendre tu dois. »  Le livre de Joëlle Zask nous souffle que les animaux ne sont ni nos amis, ni nos ennemis, disons nos voisins.

Ce livre ne sent pas les zoos usés, ni le rire à bon compte sur le dos des animaux. L’exposé de la situation, les conseils, les anecdotes, tout est bien vu.

Quand il s’agit du macaque et des éléphants, les histoires racontées sont fascinantes.
Les rats rappellent l’existence de la lutte des classes.
Les poubelles qui traînent, les décharges à ciel ouvert couplés à la réduction des espaces sauvages encouragent les animaux à venir voir chez les hommes si nous y sommes.
Et de nombreuses pantomimes sont ébauchées pour aider l’être humain démuni à se sortir d’affaire : debout, couché, derrière un rocher, les enfants sur les épaules, regarder dans les yeux, fuir le regard, passer sa langue sur les lèvres, son chien sur sa tête, parler fort, parler doucement, ne pas parler, avoir les jambes écartées, se protéger le ventre, et, en dernier ressort, courage, fuyons !

L’homme sous-estime les animaux. Cet ouvrage court et captivant en dit long sur ses capacités négligées : la mémoire des visages, des voix, la transmission d’une rancune, voire une capacité à opérer un « pousse toi de là que je m’y mette » très humain…

Pour la philosophe tout a commencé par une rencontre avec un chien errant, près du Vatican. Était-ce un animal égaré dans le sillage du passage du Rothweiler de Dieu (c’était le surnom du Pape Benoît XVI) ?

Merci à lui en tout cas, pour avoir donné l’idée de ce livre à son auteur.

Avec ce livre, le chien aboie, le discours éthologique passe.

Un livre léger qui tient dans la poche. Aussi flexible que la souplesse adaptative des animaux évoqués. C’est un livre qui tout en étant plaisant à lire ne perd pas l’esprit de sérieux de son sujet.

L’homme a tout à gagner à comprendre cet animal qu’il cherche sans cesse à dominer. Tiens, et s’il dominait sa peur du monde sauvage ?

La couverture stylise un lapin, mais rien sur le lapin féroce de Jimmy Carter.

Sûr qu’il y aura un deuxième tome, avec, au hasard : alligator, guêpe, scorpion, léopard, goéland, requin, araignée…