Quand un critique qualifiait La Disparition de roman « facile »

Un oulipien qui en voulait à R-M Alberes,
auteur de ce livre sur Sartre.

René Marill Albérès est une forme de génie de la critique. En 1969, il qualifie le roman de Perec, La Disparition, de roman « facile ».

Oui, ce lipogramme, ce roman qui se fait fort de n’utiliser aucun -E (la voyelle la plus fréquente de la langue française) et développe, de ce fait, une langue insolite, inédite, inattendue est, pour lui, un roman « facile ».

Il n’a pas vu ce chef-d’œuvre de la lipo-e-succion.

De quoi donner rétroactivement des idées de Blurb (à défaut de celui signalant la victoire au Prix Goncourt)

« La Disparition est un roman violent, cru et facile » écrit Réné Marill Albérès.

À aucun moment, le critique ne parle de l’absence de la voyelle E. Tout ce qu’il a remarqué c’est l’absence, l’enlèvement…de Ben Barka Un scandale politique que Perec utilise dans son roman. À tort, selon René Marill Albérès. L’oulipien se voit accusé de racler « tous les fonds de tiroir de l’actualité ». L’auteur ferait trop d’efforts « pour trouver des sujets piquants ». La faute à ses lauriers sur lesquels il se serait reposé depuis son succès avec Les Choses.

La critique est aisée et l’art est difficile ?
L’art est tu et la critique est piquante.

« Un homme disparaît : Anton Voyl. Un second homme disparaît : l’avocat marocain Ibn Abbou. La police a enquêté, enquête et enquêtera. » Dans le passage en italique, le critique se fait flasher : 10 E !

Le roman sent « l’artifice ».

L’artifice ? Oui, mais lequel ?

On pouvait dire d’autres choses en somme, en variant les mots : biais, faux-fuyant, omission,…

« A part ça, La Disparition dit quoi ? Pour savoir, au sûr, faudrait avoir lu. Pardon : j’ai failli avant. Mais qui lira jusqu’au bout ? Nul, à mon avis. Trop dur. » (Maurice Chapelan dans Le Figaro Littéraire, 1969)

Entre ceux qui le lisaient mal et ceux qui n’entendaient pas le lire jusqu’au bout, la réception fut compliquée.

6 commentaires sur “Quand un critique qualifiait La Disparition de roman « facile »

  1. Bonjour, 🙂

    Voici une histoire que je ne connaissais pas, et qui me semble vraiment étonnante …
    Mercis pour cet article.

    Question : Certaines disparitions sont-elles revanchardes ?

    Dans ‘Nouvelles littéraires’ , René Marill Albérès écrivait donc en 1969 : « Je crains, hélas ! que depuis 1965, Georges Perec n’ait un peu forcé son inspiration, son talent et surtout sa spontanéité et sa sincérité, pour retrouver son premier succès. La Disparition est un roman violent, cru et facile … »

    Donc, La Disparition, serait un roman { VIOLENT, CRU ET FACILE } …


    Qu’en ferait de nos jours parlants, … un anà_critique : { VÉLOCE, FUTILE CRIANT ??? }

    Au final : Les livres font -ils des yeux ??
    Ça pourraît bien faire une science pratique, comme « l’Oklusion », pour exemple. D’autres propositions ???

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