Jim vs Jim

Pourquoi écrire ? Pourquoi boire ?

Pourquoi écrire ?
Cette interrogation plus ou moins finement adressée à des auteurs en a séché plus d’un. D’ailleurs, pas sûr que les réponses les plus courtes ne soient pas les meilleures.

Pourquoi écrire ?
Parce que.
Parce qu’eux, mes lecteurs.

D’autres interrogations surgissent et qui font diversion. C’est pratique pour les pudiques qui n’aiment pas trop parler de l’écriture comme d’un don, d’une puissance hors du commun des mortels. Mettre un mot devant l’autre, cela leur suffit du moment qu’ils sont lus.

Le chanteur des Doors, Jim Morrison, répondit à un jour à une question qu’on ne lui posait pas : « Pourquoi je bois ? » Une réponse qu’il liait à l’écriture. « Pourquoi je bois ? Pour pouvoir écrire de la poésie. »

De quoi brandir un verre à la santé de tous les readers on the storm.

La réponse peut toutefois faire débat.

Si Jim avait croisé Jim. Si Morrison avait croisé Harrison, ce vieux grizzly américain, remontant le courant, comme un saumon des Rocheuses, aurait été très clair sur le sujet.
« Le cliché de l’écrivain qui picole et pond des chefs-d’oeuvre est une idiotie inventée par un journaliste qui sait sans doute descendre des bouteilles, mais pas écrire des romans… Ni les drogues ni l’alcool ne s’accordent avec l’écriture. Pour écrire, bois de l’eau. Pour le vin ou la vodka, attends la fin de la journée. » 

Jim Harrison, un écrivain dans son élément, comme une boisson dans l’eau.

« Pourquoi écrivez-vous ? » Jim Harrison avait fait cette réponse pleine d’une métaphore filée et pleine d’eau.

« Mon amour pour la vie est hésitant ; j’écris donc pour assurer ma survie. […] Au vieux proverbe : Manger ou mourir, j’ajoute Manger et écrire ou mourir. Après avoir écrit, je lis souvent Brillat-Savarin, ou des livres de cuisine aux toilettes. Puis, j’essaie de cuisiner aussi bien que j’espère écrire. Après un somme, j’écris à nouveau, à la façon d’un plongeur souterrain qui nage dans le sol pour comprendre les racines et les radicelles des arbres. Je m’enracine aux processus cycliques de la vie afin de ne pas gaspiller ma vie à des bêtises. Je chasse et je pêche parce que ça m’aide à écrire. Les romans et les poèmes sont les ruisseaux et les rivières qui sortent de mon cerveau. Je continue à écrire dans les moments noirs pour subvenir aux besoins de ma femme et de mes filles, de mes chiens et de mes chats, pour acheter du vin, du whisky et de quoi manger. J’écris comme un acte de culte envers les créatures, les paysages, les idées que j’admire ; pour commémorer les morts, pour créer de nouvelles femmes à aimer. À l’instant, tout en écoutant la tempête de neige dehors, je me suis versé un grand verre de bordeaux. C’est ça qui me plaît ! Votre Rimbaud a dit : « Tout ce qu’on nous enseigne est faux. » Je le croyais quand j’avais dix-huit ans et je le crois encore. Les écrivains ne sont que des imbéciles qui doivent voir le monde dans lequel nous vivons mais qui ne l’ont jamais découvert. J’écris pour continuer à être un fleuve inexploré. Ça me va comme un gant. »

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