Et si on faisait une petite prose ? L’objet en poésie, ça vous dit ? On y parlerait d’objet d’admiration pour oublier les objets de consommation. Et ce ne serait pas triste. Des textes à la manière de Francis Ponge. Vous avez vu ? Le dernier mot qui m’a servi était Ponge.

Le collier de mon chien est un collier plat, à boucle.
Il est rouge, comme celui de tous les chiens, je crois.
Il y a plein de colliers qui font peur, par exemple l’étrangleur. Et pourquoi pas L’Éventreur ?
Le collier de mon chien, lui, sent la forêt. Il sent la bardane qu’on n’a pas invité mais qui s’accroche. Il sent le givre en hiver. Il sent la feuille morte en automne. Il sent la sieste. Il sent le sommeil agité à se repasser les sentes, les empreintes, toute l’actualité de la forêt, ces pages compulsées, pleines de sensations. Le collier de mon chien sent plein de choses que les chats reniflent quand le chien n’est pas là et que le collier attend son retour. Le temps, rare, d’un bain, court.
Le collier de mon chien, il ne s’ennuie jamais. C’est un accessoire de voyage. Il n’est jamais serré. Kolé séré nou té ké ka dansé. Il est lâche , comme à l’instant où on dit au chien « Vas-y, va te promener ».
Le collier de mon chien ce n’est pas celui du chien de La Fontaine. C’est celui du chien près de la forêt. Sous le collier, il n’a pas le cou pelé. Quand il n’est pas dans la forêt, il est sur un fauteuil ou près du poêle parce qu’il n’aime pas se peler.
C’est un chien un peu Labri, un peu Colley. Pas un bâtard, un chien rare, un chien bricolley.
Ce n’est pas un chien qui divague mais se promène en compagnie. Quand on lui dit le mot « promener », il prend les pattes à son cou. Son collier, c’est l’accessoire des promenades matinales. Son collier n’est pas un joug, mais la promesse qu’on joue dans la forêt, quitte à perdre, momentanément, un peu de liberté à l’appel du chevreuil qui trace ou du chien patibulaire qui passe.
Ce collier, en dessous des moustaches, ne le barbe pas. C’est la promesse d’un ailleurs. La promenade toujours recommencée. Un arbre. Une source. Un chemin qui chemine. Un reste de racine. Ce n’est pas un chien solitaire.
Un commentaire sur “Le collier de mon chien (21/25, Va’d’l’Avent)”