Bonne heure littéraire : 03h00

À lire à l’heure

« Un de mes proches me l’a dit en anglais : « I smell a rat », littéralement, « Je sens un rat ». J’ai préféré cette image à celle du loup. Avec elle, je renifle le remugle du rat, fétide à en donner la nausée.

Certaines nuits, j’en viendrais à croire que c’est lui, l’insaisissable et pestilent rat, qui me réveille sur le coup de trois heures du matin. Mais comme je ne vois pas où il peut se cacher, mon insomnie s’entête. Je cherche alors mon salut dans les livres. »

Un crime sans importance d’Irène Frain

Un commentaire sur “Bonne heure littéraire : 03h00

  1. « Aux petits incidents il faut s’habituer.
    Hier on est venu chez moi pour me tuer.
    Mon tort dans ce pays c’est de croire aux asiles.
    On ne sait quel ramas de pauvres imbéciles
    S’est rué tout à coup la nuit sur ma maison.
    Les arbres de la place en eurent le frisson,
    Mais pas un habitant ne bougea. L’escalade
    Fut longue, ardente, horrible, et Jeanne était malade.
    Je conviens que j’avais pour elle un peu d’effroi.
    Mes deux petits-enfants, quatre femmes et moi,
    C’était la garnison de cette forteresse.
    Rien ne vint secourir la maison en détresse.
    La police fut sourde ayant affaire ailleurs.
    Un dur caillou tranchant effleura Jeanne en pleurs.
    Attaque de chauffeurs en pleine Forêt-Noire.
    Ils criaient : Une échelle ! une poutre ! victoire !
    Fracas où se perdaient nos appels sans écho.
    Deux hommes apportaient du quartier Pachéco
    Une poutre enlevée à quelque échafaudage.
    Le jour naissant gênait la bande. L’abordage
    Cessait, puis reprenait. Ils hurlaient haletants.
    La poutre par bonheur n’arriva pas à temps.
     » Assassin ! – C’était moi. – Nous voulons que tu meures !
    Brigand ! Bandit !  » Ceci dura deux bonnes heures.
    George avait calmé Jeanne en lui prenant la main.
    Noir tumulte. Les voix n’avaient plus rien d’humain ;
    Pensif, je rassurais les femmes en prières,
    Et ma fenêtre était trouée à coups de pierres.
    Il manquait là des cris de vive l’empereur !
    La porte résista battue avec fureur.
    Cinquante hommes armés montrèrent ce courage.
    Et mon nom revenait dans des clameurs de rage :
    A la lanterne ! à mort ! qu’il meure ! il nous le faut !
    Par moments, méditant quelque nouvel assaut,
    Tout ce tas furieux semblait reprendre haleine ;
    Court répit ; un silence obscur et plein de haine
    Se faisait au milieu de ce sombre viol ;
    Et j’entendais au loin chanter un rossignol. »

    ‘Une nuit à Bruxelles’, Victor Hugo (1802-1885), ‘L’année terrible’

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