
Dans un roman policier lu récemment (Il n’y a plus de passé simple de François-Henri Soulié, un bon roman, entre Le Poulpe, Umberto Eco et Rouletabille), le personnage principal, Skander Corsaro, s’est amusé à compter le nombre de livres qui constituent sa bibliothèque personnelle dans sa bibliochambre. Il en a 873.
Depuis, personnage de sa propre vie, il s’est mis à penser non seulement au temps qui passe mais aux livres qui s’entassent…non, mieux que ça, à ces livres qui le cernent et le concernent, à ces kilos qui l’entourent, aux bouquets de books, aux longues plages noircies d’encre, aux tranches de crédit littéraire qu’il lui reste à utiliser, à ces successions de livres, à cet héritage littéraire, à ces livres qu’on prose là, à la vie de poèmes de quelques recueils, aux collections, aux séries, aux dictionnaires, aux encyclopédies, aux piles, aux faces, aux livres qu’il a en double, aux livres à traductions variées, aux anthologies, aux intégrales, aux conversations qu’il lui reste à tenir avec tous ces auteurs disparus, aux livres de grands éditeurs, aux livres de petits éditeurs, aux livres commencés, aux livres finis, aux livres relus, aux livres arrivés là par hasard, aux livres arrivés là après une longue quête, aux livres épuisés, à ses propres livres, aux l’ivres de sa cave à ses pages, aux livres offerts, aux livres ouverts, ô livres, ô faire…votre éloge… en même temps que votre poussière.
Les feuilles se tournent. Et lui aussi. Un coup d’œil sur sa gauche. Il écrit à côté d’une bibliothèque qui compte très précisément 375 livres. Plus d’un par jour pour une durée d’un an. C’est une bibliothèque parmi les nombreuses qu’il a installées. Verticales, horizontales, tournantes. Avoir vu, trop jeune, Le Nom de la Rose l’aurait-il déformé ?
Il doit avoir plusieurs milliers de livres. C’est dit. C’est fait. Il va compter ses livres. Il leur doit bien ça puisqu’il sait pouvoir compter sur eux.
Un lieu. Un millier. Une milliothèque de livres qui fourmillent.
Le confinement ne lui fait pas peur. Il a de quoi s’occuper…Ah mais, c’est vrai, qu’il doit aller travailler…
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