Erri de Luca : « Et pour connaître bien sa propre langue, il faut lire beaucoup. Cela permet à la fois de se tenir compagnie et de renforcer son système immunitaire du vocabulaire. » (Libération, samedi 26 septembre 2020)
Le prof, le lecteur ou l’auteur qu’il est ne peut que souscrire modestement aux propos de De Luca.
Faisons tous grand cas de la lecture et du vocabulaire.
En venir aux mots – même au punchline – plutôt qu’aux poings.

Ces mots d’Erri denses, c’est l’évidence s’exclameront certains.
Oui.
Sur ce blog, il ne joue pas avec les mots. Il met les mots en joue.
Il pèse ses mots puis les bise. Sur la joue. Du baise-mains façon bise-mots et il en baise maints.
Il avance, mot à mot, à l’horizon d’une verticalité, celle d’une montagne de termes. Une ascension, un 40 000 et plus avec sa VerbaTeam. Du sommet de la Langue française jusqu’aux racines latines, grecques (et toutes leurs consœurs).
Des mots sans définition, comme un défi à la notion de vertige.
Il lui arrive même de marcher en scrabble pour faire un pas de côté, pour que ses mots comptent double, triple et c’est pas triste.
Il ne joue pas avec les mots. Il les met en joug.
Il les associe. La vache, qu’ils ne sont pas beaux, vidés ! Pour chacun, il s’inquiète de connaître leur composition étymologique, leur consistance, leur intensité. Ensuite il compose avec. Dans l’espoir de passer d’un fâcheux joug à un grand jour. À son atelier, il les scie, les découpe, les taille. Radical. Coupé des mots ? Non, bouquet de mots, sans oublier celui qui se cache, celui qui manque, celui qui vient, l’absent de tout bouquet. Petaloso l’italien, par exemple. Les mots ne mentent pas, ils manquent jusqu’à ce qu’on les trouve.
Il joue avec les mots, un jeu « pourri », disent-ils. Lui, il distille. Il fait ses gammes, sa wicked game. Le vers est moulu, le moule s’effrite, il casse son clavicule. Comme le cheval joue avec son mors, il joue avec ses mots, signe qu’il lâche la bride, qu’il se détend. Ce n’est que pour rire ? Pas seulement. Plus on est d’happy few, plus on rit. Par chance, beaucoup savent trouver le trou de sourire. En regardant dedans, s’y montrent les dents. Jeu drôle et jeu de rôle.
Il cherche son immunité contre les vents mauvais. Il se tisse un masque lexical.
Fiente de l’esprit ? Fiente, luxe, oui ! Les mots enjouent.
Quand on se colt’ine le Réel (et la froideur de sa crosse), l’epilepsignes est un haut-mal qui fait du bien. Un vocabulaire restreint n’en cache pas un autre, il l’empêche de rouler. Dans ce verbe qu’il ferraille, il se fait rêver, loin des calculs glacés d’un pacte ferroviaire.
Il avance pour fuir le bonheur de peur qu’il le tweet. Le greatbiggoodamazing-esque trumpien ne passera pas par lui. Il n’aime pas quand ça se termine en Que de poisseux !
< Je suis un homme de vocabulaire … précise Erri de LUCA, lui, qui pour ‘L’impossible’, a revisité une ‘Vire de Braconniers’ …
Ça m’a fait penser à Honoré de BALZAC (1799-1850) qui lui, l’exprime ainsi :
« J’ai accompli de délicieux voyages embarqués sur un mot »…
https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/roman/je-suis-un-homme-de-vocabulaire-erri-de-luca-figure-majeure-de-la-litterature-italienne-nous-parle-de-son-nouveau-roman-impossible_4114687.html
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» J’ai accompli de délicieux voyages embarqués sur un mot » Merci !!!
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😉 !
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Et puis …l’on imaginerait plutôt bien … le Capitaine Jean Luc Picard, de Star TREK … assisté du savant Dr SPOCK virant d’ abord à l’abord des humains … leurs mots communs seraient ‘IM-UNI-TERRE’ ???
‘IM-UNIE-TERRE’ … Make it So !!!
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Erri de LUCA : Impossible -[Impossibile], Trad. de l’italien par Danièle VALIN ( !!!) , Collection du ‘Monde Entier’ ( !!!) Gallimard
… Et … Aussi disponibe en version … AUDIO :
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Ecoutez-lire/Impossible
Avec cordiales salutations et bon dimanche
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