Qui a tué Palomino Molero ? ou plutôt ¿Quién mató a Palomino Molero ?
Ça commence par un cadavre. Ça continue sur fond de lutte des classes et de confrontation entre la police et l’armée : celle qui veut y voir clair et celle qui se tait.
Le roman témoigne d’une vision sociale sale. L’auteur manie le scalpel dans l’atroce Cité. Une petite cité, car cela se passe dans un pauvre village de pêcheurs qui finit en village de pauvres pécheurs. D’ailleurs où est Dieu ? Sûrement pas dans la base aérienne.
Au début du roman, ce sont des mouches qui sont descendues du ciel. L’incipit est clair : « Bordel de merde de vérole de cul ! balbutia Lituma en sentant qu’il allait vomir. » Un début qu’il faut avoir lu pour qu’il soit cru. Obscène scène. Macabre arbre. Ça en dit long sur des meurtriers sadiques. « Une balle dans la tête suffisait » déclare plus tard un des personnages dans une ironie tragique.
La jeunesse d’un petit guitar hero, interprète de boléro, a été brisée. Ses sérénades ont été victimes de l’heure du crime. Qui l’a tué ?
C’est un duo d’enquêteurs qui mène la danse et cherche à dénouer la trame du drame : le lieutenant Silva et Lituma, tenaces limiers près de Lima. Au milieu de ce crime glaçant et abject, ils campent deux personnages sensibles : le lieutenant rêve d’embrasser une dame, la Doña Adriana et son subalterne est véritablement brassé par le drame.
L’autre duo du roman c’est évidemment Éros et Thanatos.
Un whodunit péruvien, un qui l’a fait ? un who sordid it ?
Une vingtaine d’années après la rédaction de ce roman, Vargas Llosa aura le Prix Nobel de Littérature pour « sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées de la résistance de l’individu, de sa révolte et de son échec »
Et puis entre temps il se sera battu avec Gabriel Garcia Maquez.
Vargas Llosa, Mario, 1987, Qui a tué Palomino Molero ?, traduit de l’espagnol par Albert Bensoussan Paris, Gallimard, coll. Folio.
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