Parfois des titres sont désastreux. Parfois ils sonnent faux ou sont tirés par les cheveux.
Des noms ! Des titres !
Ce serait trop facile et de mauvais esprit.
D’autres sont tellement réussis qu’ils engendrent des clins d’œil, des copies, des parodies. Ils sont passés dans le langage courant. Ce sont des titres arrivés, installés, ancrés dans notre langue. On les retrouve jusque dans la presse, dans les titres d’articles, frappants, incitatifs, accrocheurs.
Horace Mac Coy (1897-1955) exerça, comme d’autres, divers métiers (mécanicien, chauffeur de taxi, vendeur…) avant de devenir cet auteur de romans noirs que l’on connaît par la Série Noire de Gallimard.
Son livre le plus célèbre a pour titre original : They Shoot Horses Don’t They ? (1935)
Il fut traduit par On achève bien les chevaux (1946).
Ce titre français a fait florès. D’autant plus que le film de Sidney Pollack (1969) l’a repris et l’a popularisé. La couverture du livre défile comme un générique.
C’est une histoire terrible. Dans la débrouille sordide qui naît de la dépression de 1929, des femmes et des hommes démunis se livrent à des marathons de danse en échange d’un peu d’argent et de quoi manger.
Une survivance déguisée des jeux du cirque. Marathons indignes qui existèrent réellement. La réalité ose tout. Pas besoin de faire porter le chapeau à la fiction.
« D’après le règlement, on devait danser durant une heure cinquante minutes, après quoi on avait droit à dix minutes de repos pendant lesquelles il était permis de dormir si on en avait envie. Mais, pendant ces dix minutes, on devait également se raser, se baigner, se faire soigner les pieds et tout ce qui pouvait être nécessaire…
La première semaine fut la plus pénible de toutes. Tout le monde avait les pieds et les jambes enflés… »
On achève bien les chevaux.
Le titre a fait florès.
Depuis, sur les couvertures, on achève bien les Grecs, les jeunes, les Français, les cadavres, les cadres, les éleveurs, les inspecteurs du travail, les écoliers, les tonneaux, les héros, les cons, les cigognes, les disc-jockeys, les anges, les classes moyennes, les hommes, les cheveux, les 2C, Mahler, les parents, nos vieux…
Une histoire de pilon.
3 commentaires sur “On achève bien…”