J’aime la chine.
Celle qui s’éveille. Tôt le matin.
Celle qu’on dit sale, poussiéreuse, à deux sous (loin des enchères et damnations). Celle qui n’a pas de nom propre, mais qui fait dans le commun, le bien commun, le partage.
À petits prix. Appétit prix.
Un jour j’irai à New-York. Ou à Nouillorc.
J’aime cette chine à laquelle on arrive à pied, en vélo, en bus, en voiture.
Avec ses files d’attente, de brocanteurs, acteurs des trésors de demain, avec ses petits chineurs ordinaires qui ne viennent rien chercher et trouvent toujours quelque chose.
J’aime la chine.
Pas seulement l’empire du milieu mais aussi celui des marges. J’aime la chine des niches, des rayonnages mal rangés.
Ces livres clandestins qu’un nom d’auteur a fait prendre pour un autre.
Ces livres égarés avec ce titre qui donne des airs de pitre à une étagère sérieuse.
J’aime la chine populaire.
J’aime la chine dont les habitants s’appellent chineurs. Le chineur, c’est toi, c’est moi. Tout le monde y vient en personne. Avec ses yeux, ses idées, ce cou qu’on contorsionne, ces jambes qu’on plie.
J’aime la chine de ces pages cornées, empoussiérées, marquées d’un nom, augmentées d’une carte postale, d’une facture de librairie, d’un ticket de métro, d’un marque-page. D’une dédicace à un cher(e) disparu(e).
J’aime ces livres qui ne cessent pas de vivre mais qui dorment un peu avant d’être transmis, adopté, ressuscité. Sauvés du pilon.
J’aime la chine de ces géants qui sommeillent et qu’on déniche en écarquillant les yeux. « Regarde ce que j’ai trouvé ! »
J’aime la chine qui s’arrête quand le soleil se couche. A 19h ou plus.
J’aime ces lieux où le covid ne fait penser qu’au vide qui a été fait dans les maisons pendant le confinement et à la grande vague de dépôt qui va suivre. Les affaires reprennent et aucun chineur n’est au bout de ses surprises.
😇 Rien que pour narguer la pendule de NOUGARO:
« Pendule. Machine d’un grand soutien moral pour l’homme, qui le rassure dans son rapport avec le futur en lui remémorant la grande quantité de temps qui lui reste à vivre. »
C’est d’Ambrose Gwinnett Bierce (1842-1913 ou 14 ), qui était écrivain, artiste, journaliste … américain … et qu’il reste à retrouver en chinant …
Bon week-end, 😊cordiales salutations
Mais sinon …
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