À lire à l’heure
« J’attendais immobile ce qui allait arriver. Ce fut le tic-tac de la pendule qui me rappela à la réalité. Les aiguilles marquaient quatre heures vingt-cinq. Ma montre disait la même chose. Il y avait quelque chose de rassurant dans le tic-tac de la pendule. Il me rappelait le présent et que le thé serait bientôt prêt sur la pelouse. J’avançai lentement vers le centre de la chambre. Non, elle n’était pas habitée. Les fleurs ne parvenaient pas à vaincre l’odeur de renfermé. Les rideaux étaient tirés, les volets fermés. Rebecca ne reviendrait jamais plus dans sa chambre. »
Rebecca de Daphné Du Maurier
(…) À quatre heures seize minutes, on signala par tribord une petite goélette qui portait vers le steam-ship. Pas de doute possible : c’était le pilote. Il devait être à bord dans quatorze ou quinze minutes au plus. La lutte s’établissait donc sur le second et le troisième quarts comptés entre quatre et cinq heures du soir. Aussitôt les demandes et les offres se firent avec une vivacité nouvelle. Puis, des paris insensés de s’engager sur la personne même du pilote, et dont je rapporte fidèlement la teneur :
« Dix dollars, que le pilote est marié.
— Vingt dollars, qu’il est veuf.
— Trente dollars, qu’il porte des moustaches.
— Cinquante dollars, que ses favoris sont roux.
— Soixante dollars, qu’il a une verrue au nez !
— Cent dollars, qu’il mettra d’abord le pied droit sur le pont.
— Il fumera.
— Il aura une pipe à la bouche.
— Non, un cigare !
— Non ! Oui ! Non ! »
Et vingt autres gageures aussi absurdes qui trouvaient des parieurs plus absurdes pour les tenir. (…)
Jules Verne (1871) ‘Une ville flottante’, XXXII
Source: https://fr.wikisource.org/wiki/Une_ville_flottante/XXXII
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