À lire à l’heure
« Sally.
Un murmure.
– Réveille-toi, Sally.
Un murmure, plus fort : Laisse-moi tranquille.
Il la secoua encore.
– Réveille-toi. Tout de suite !
Charlie.
La voix de Charlie qui l’appelle.
Depuis combien de temps ?
Sally remonta des profondeurs de son sommeil. Elle regarda le réveil sur la
table de nuit. Il était deux heures et quart du matin. Charlie aurait dû être à son travail. Elle le vit. Et quelque chose bondit en elle, une intuition de mort.
Le fléau de Stephen King (1978)
2h15 et pas 2h13, hein !
Pas très zen, … hein, c’est entendu ‼️
… Par le Poète dit pour baroque, et, franc-comtois, Jean-Baptiste CHASSIGNET (1571 – 1635) 😋
‘Le Mespris de la vie et consolation contre la mort’
CCLXX.
« Arrivant au logis pour un petit quart d’heure
Que le passant y doit seulement sejourner,
Il ne s’adonne point à rompre & retourner
Demolir ou bastir le lieu de sa demeure :
Estranger vagabond sur la terre peu seure,
Ne travailles point tant a briguer et vener
Ces honneurs que tu dois bien tost abandonner
Que vivre en tel estat qu’heureusement tu meure.
Tu ne fais qu’arriver, & peut estre demain
La mort mettra sur toy son homicide main
Te contraingnant de choir dans la fosse profonde :
Ceus des siecles premiers ainsi de lieus en lieus
Habitoint dans les creus ou sous les chesnes vieus,
S’avouant estrangers et du monde. »
Source: https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Mespris_de_la_vie_et_consolation_contre_la_mort/«_Arrivant_au_logis_pour_un_petit_quart_d’heure_»
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D’un geste du bras, le Dr Paul indiqua à Lukastik une chaise libre, tandis que de l’autre main il désignait le cadavre en disant :
– Il n’y a plus de doute. Cet homme a été tué par un requin.
Devant lui, alignés sur une plaque de verre posée sur un papier, se trouvaient plusieurs petits fragments. Il souleva l’un d’eux à l’aide d’une pincette, l’exposa à contre-jour et expliqua qu’il s’agissait d’un bel exemple de dent de requin.
– Et regardez ceci, dit-il en montrant un minuscule objet semblable à un caillou, qui luisait d’un éclat métallique. C’est une dent cutanée.
– Une dent cutanée ?
– Moi non plus, je ne connaissais pas, j’ai du faire un tour rapide sur Internet. Ça m’est toujours un peu désagréable.
– Qu’est-ce qui vous êtes désagréable ? D’aller sur Internet ?
Oui, fit Dr Paul. On a l’impression de tricher. Comme si on allait chercher son savoir dans une zone interdite. Comme si on braconnait sur le terrain de chasse des incultes et des anti-sportifs, de ceux qui, d’une pression de touche ou presque, font leurs courses au supermarché.
–Et donc, dans ce supermarché, vous êtes tombé sur des dents cutanées, en déduisit Lukastik.
– Des écailles placoïdes, précisa le Dr Paul, sur lesquelles reposent de belles petites dents en émail, d’une dureté incroyable. Un dispositif vraiment très pratique : atténue les frottements et protège comme une cotte de maille. Car le requin lui aussi n’est qu’une créature de chair, c’est-à-dire vulnérable. On a tendance à l’oublier quand on voit la bestiole. Les requins ne sont pas des insectes, ils n’ont pas leur robustesse : ils sont plutôt sensibles, craintifs, indolents. Mélancoliques. La plupart d’entre eux sont des vivipares, avec en plus une longue durée de gestation. Ça engendre forcément la mélancolie.
– Voilà qui n’est plus très scientifique, constata le policier.
– C’est vrai, je m’égare. Donc, j’ai trouvé dans le corps du mort les fragments de dents d’un requin, dents de la mâchoire et dents cutanées. La taille et la nature des blessures, sans oublier le fait que notre mort a eu la main et la jambe arrachée, semblent indiquer un poisson d’un certain volume. Cela dit, compte tenu de la faible profondeur du bassin, inutile de fantasmer sur une créature de cinéma de six mètres.
– Compte-tenu de la présence d’un bassin d’eau douce chlorée, on ne devrait pas pouvoir fantasmer du tout.
– Je suis de votre avis. L’homme a été tué ailleurs. Et nous devons évidemment supposer que ces blessures caractéristiques lui ont été infligée de façon artificielle. Que quelqu’un a simulé une attaque de requin avec minutie et compétence – sans compétence excessive, espérons le – qu’il a sectionné la jambe et la main comme l’aurait fait un requin et appliqué sur le mort des segments corporels du poisson.
– Et tout le sang ?
– Tout le sang? Je dirais plutôt qu’il y en a tout sauf assez. Si l’homme avait été tué dans le bassin on l’aurait sorti d’une soupe rouge, pas d’une petite ou légèrement teintée, d’un bouillon clair. Non, on ne peut pas vraiment parler d’une grande quantité de sang. Le mort s’était sans doute quasiment vidé avant d’être transféré. Le cadavre n’en était pas moins… Disons qu’il n’en était pas moins frais.
C’est-à-dire ?
Que l’homme est mort au cours de la nuit, probablement lors de la seconde moitié. Tout a dû se passer très vite, les préparatifs visant à simuler l’attaque, le déplacement du corps. Sans doute entre deux heures et quatre heures du matin.
Requins d’eau douce – Heinrich Steinfest
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