Éphémérides. Quand le calendrier se fait littéraire.
« Le 9 octobre, s’opérait un grand changement. Aux termes de la loi nouvelle, il n’y avait plus de commandant général de la garde nationale. Le 9 octobre, La Fayette devait donner sa démission, et chacun des six chefs de légion commanderait à son tour. »
La Comtesse de Charny d’Alexandre Dumas (1852)
Pff … lois nouvelles …
« Ils font tout ce qu’ils veulent ! si un jour ça leur chaut, ils garderont les soldats trois ans à la caserne. » — Jean Rogissart( 1894-1961) ‘Passantes d’Octobre’, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958, p. 81)
… bon sinon 🙂
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Bonjour de Cuba en ce 9 octobre
« La lumière crue de l’aube tropicale, filtrée par la fenêtre, tombait comme un éclairage de théâtre sur le mur où était accroché l’almanach avec ses douze cases parfaites, réparties en quatre colonnes de trois rectangles chacune. À l’origine, aux espaces du calendrier correspondaient différentes couleurs, du vert juvénile et printanier au gris vieilli et hivernal, une palette que seul un dessinateur très imaginatif pourrait associer à une chose aussi inexistante que les quatre saisons dans une île de la Caraïbe. Au fil des mois, quelques chiures de mouches étaient venues agrémenter le bristol de points de suspension erratiques; plusieurs ratures et les couleurs de plus en plus délavées témoignaient de l’utilisation pratique du calendrier et de l’effet de la lumière abrasive qui l’attaquai tous les jours. Des traits aux géométries diverses et capricieuses, inscrits sur le pourtour, sur les bords, même sur certaines dates, étaient des pense-bêtes invoqués sur le moment, peut-être oubliés par la suite, jamais utilisés. Autant de marques du passage du temps et de mises en garde destinées à une mémoire en passe de se scléroser.
Sur le bord supérieur du calendrier, les chiffres concernant l’année en cours avaient fait l’objet d’une attention très spéciale et, outre plusieurs marques énigmatiques, le neuvième jour d’octobre était entouré de plusieurs signes de perplexité plus que d’exclamation, rageusement griffonnés avec un stylo-bille noir à peine plus fin que les caractères imprimés. Et, près des points d’exclamation, le chiffre magique aux résonances numérologiques, dont il n’avait jamais remarqué auparavant la parfaite récurrence : 9-9-9. »
Leonardo Padura – La transparence du temps
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