Éphémérides. Quand le calendrier se fait littéraire.
« C’était le sept août. O sombre destinée !
C’était le premier jour de leur dernière année. »
« Le 7 août 1829 » in Les Rayons et les Ombres de Victor Hugo (1840)
Éphémérides. Quand le calendrier se fait littéraire.
« C’était le sept août. O sombre destinée !
C’était le premier jour de leur dernière année. »
« Le 7 août 1829 » in Les Rayons et les Ombres de Victor Hugo (1840)
« Le 7 août 1829 », par Victor HUGO (1802-1885), du recueil ‘Les rayons et les ombres ‘ (1840)
Texte intégral: https://fr.m.wikisource.org/wiki/Les_Rayons_et_les_Ombres/Le_Sept_Août_1829
C’était le sept août. Ô sombre destinée !
C’était le premier jour de leur dernière année.
Seuls dans un lieu royal, côte à côté marchant,
Deux hommes, par endroits du coude se touchant,
Causaient. Grand souvenir qui dans mon cœur se grave !
Le premier avait l’air fatigué, triste et grave,
Comme un trop faible front qui porte un lourd projet.
Une double épaulette à couronne chargeait
Son uniforme vert à ganse purpurine,
Et l’ordre et la toison faisaient sur sa poitrine,
Près du large cordon moiré de bleu changeant,
Deux foyers lumineux, l’un d’or, l’autre d’argent.
C’était un roi ; vieillard à la tête blanchie,
Penché du poids des ans et de la monarchie.
L’autre était un jeune homme étranger chez les rois,
Un poète, un passant, une inutile voix.
(…)
Hélas ! que de leçons sous tes voûtes funèbres !
Oh ! que d’enseignements on lit dans les ténèbres
Sur ton seuil renversé,
Sur tes murs tout empreints d’une étrange fortune,
Vaguement éclairés dans ce reflet de lune
Que jette le passé !
Ô palais, sois béni ! soyez bénie, ô ruine !
Qu’une auguste auréole à jamais t’illumine !
Devant tes noirs créneaux, pieux, nous nous courbons,
Car le vieux roi de France a trouvé sous ton ombre
Cette hospitalité mélancolique et sombre
Qu’on reçoit et qu’on rend de Stuarts à Bourbons !
Les 10 – 13 juin 1839.
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