Et j’abattrai l’arrogance des tyrans

Et-j-abattrai-l-arrogance-des-tyrans1381.
XIVème siècle, barbare et stressant.
1300. Stressant. Treize cents…

Ah ! insensé(e), qui crois que cela ne parle ni de toi, ni de ton époque.

Ce livre revient sur une révolte de paysans en Angleterre. Ces chaînes qu’on abat, c’est d’hier, d’aujourd’hui et de demain (un futur simple peut toujours resservir).

Peste noire. Guerre de Cent Ans. C’est la crise et les impôts s’élèvent. L’argent va toujours aux mêmes. Vas-y, gueux de la zone ! Les puissants n’ont que d’la gueule. Décoiffe-les, fais leur quelques anglaises et même plus ! autour du cou, à ras, s’ils n’ont rien pigé.
Les paysans se révoltent. C’est un temps à abolir l’arrogance de dés complètement pipés.
On cherche quand même à les décourager : « Paysan du Kent ou de l’Essex, risquer tout et perdre Tamise ? »

Pas facile d’écrire son histoire, de rompre avec son destin. De quoi être sensible aux pressions sous le poids d’une insensible oppression. Sous l’action de la fièvre financière, l’étau augmente.

Les dominants tirent le diable par les gueux. C’est la crise, ils ne renoncent pas à leur part de gâteau. Ils se régalent à traiter les paysans comme desserts, comme une cerise sur la crise. Ils se fendent la gueule à fendre du gueux jusqu’au jour où une cour honnie doit faire la preuve de ses cojones.

1381. Plaid contre Plèbe.

La mort sociale pour les paysans. Et la justice humaine ? Condoléances.
À force d’entendre « Casse-toi, tu pues ! », les paysans marchent à Londres (pas encore question de we take Manhattan, ni de we take Berlin).
Du Kent ou de l’Essex, les paysans vont à Londres pour une Opération Cahier de Doléances, parce qu’ils en ont marre de rien avoir à foutre dans le monde des puissants dont, courbés, ils entretiennent les biens. « Nos terres » comme disent ceux qui n’y touchent jamais.

Le grand troupeau de paysans asservis, usés, essorés s’est lassé du grand pacage et rêve d’un grand saccage.

Et Dieu dans tout ça ?
– Son règne, paysan, mon paysan, ne le vois-tu pas venir ?
– Bof, je vois quelque chose qui poudroie.
Le royaume des cieux se méfient d’Essex. Il n’aime que les anges, pas les paysans mal fagotés, hirsutes et qui brandissent des haches.
Y’a juste quelque chose qui poudroie donc devant des yeux déçus des cieux. Le même effet qu’un peu de paille ou qu’une toute petite poutre.

Le paysan aigri. Le fond de l’air est rouge. Au milieu, cool, une lumière ! (enfin ambiance marais, longue marche et murailles). Figure essentielle du livre, Joanna est une femme costaude qu’ose tout ou presque dans un monde qui a faim d’égalité et qui pense déjà un peu à l’Internationale. Elle joue des coudes et casse les codes et c’est bien enthousiasmant dans une lutte sociale.

1381. La troupe est partie en guenilles, l’histoire finit peut-être en quenouilles, mais les ferments sont encore là et le livre les fait passer.

À ces paysans, l’auteur offre une langue débridée, un peu familière, un peu lyrique, pour débrailler les possédants, les maîtres, le roi et sa cour. Elle est enseignante et sait les analogies utiles à éclairer les situations d’hier par les d’équivalences d’aujourd’hui. On se glissera avec sourire dans ses parenthèses enchantées. Elle sait manier l’humour qui est le plus court chemin d’un homme à un autre (la révolution, c’est un poil plus long).

Et j’abattrai l’arrogance des tyrans de Marie-Fleur Albecker, éd. Forges de Vulcain

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3 commentaires sur “Et j’abattrai l’arrogance des tyrans

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